C'est une critique de @abscondita qui a attiré mon attention sur ce western de 1971 que je ne connaissais pas. Le réalisateur, Edwin Sherin, n'a pas beaucoup œuvré pour le cinéma et à plutôt fait une carrière de metteur en scène au théâtre.
Ce western, comme "l'homme de la loi" de Michael Winner, commenté la semaine dernière sur SC, met en scène Burt Lancaster dans deux rôles complètement différents mais qui, curieusement, présentent quelques similitudes. Burt Lancaster est dans les deux cas un homme de loi, en fin de carrière. Et j'aime cet acteur qui ne triche pas avec son âge tout en n'hésitant pas à se jeter dans la mêlée. L'autre point commun, c'est l'obstination des deux personnages dans leurs objectifs.
Autre généralité : je faisais la remarque dans la précédente critique que "l'homme de la loi" était un western de facture classique mais qui avait "un peu" subi quelque influence des westerns italiens et de Peckimpah. Ici, c'est bien pire puisque le western est carrément tourné en Espagne sur les lieux de tournage des westerns italiens … Mais ce ne sont que les lieux car sur le fond on reste bien dans un scénario américain où il reste un bon équilibre entre les différents personnages de quelque bord que ce soit du pauvre péon à l'éleveur tout puissant en passant par les notables ou les femmes. Ouf !
"Valdez" ou "Valdez is coming" dans la VO, possède un scénario très élaboré tiré d'un roman. En effet, le scénario est bâti autour de plusieurs évènements apparemment distincts qui vont finir par s'imbriquer et se résoudre à la fin. Il y a l'aventure de Valdez (Lancaster), ce shérif adjoint plein d'humilité qui veut jouer un rôle de médiateur lors d'une opération de lynchage d'un homme noir et qui finit, accidentellement, par tuer celui que la foule voulait lyncher. Et il y a le chemin de rédemption de Valdez qui s'estime coupable de cette exécution et qui veut trouver l'argent auprès des notables pour dédommager la veuve, une indienne. Et puis ce lynchage, qui concernait le supposé coupable d'un crime, semble avoir été orchestré pour couvrir le vrai coupable.
L'itinéraire de ce Valdez est fort intéressant. Plein d'humilité et de bonté, Lancaster se fait piéger par des gens malveillants. Pire, voulant s'amender et rendre service à la veuve, il est humilié au point de devenir pratiquement une figure christique, lâché dans la nature, lié sur une croix tellement grande qu'elle l'oblige à marcher courbé … C'est l'humiliation de trop. Celle qui conduit à la révolte et à l'action d'émancipation, de libération de l'homme. Lancaster reprend son ancien uniforme de soldat. Puisque la méthode de l'humilité et de la pitié pour réclamer l'indemnité pour la veuve ne fonctionne pas, essayons une méthode plus directe et plus brutale.
Et, non seulement ça marche mais l'humiliation change de camp dans une superbe scène finale que je ne raconterai pas.
Burt Lancaster est excellent dans son personnage de petit vieux qu'on va voir se métamorphoser en quelqu'un d'autre. Mais beaucoup de seconds rôles ne sont pas à dédaigner comme le personnage énigmatique joué par Susan Clark. Ou comme Franck Silvera dans le rôle du péon qui est une sorte d'ange gardien (à plusieurs reprises) de Burt Lancaster. Ou comme Jon Cypher dans le rôle du patron mariolle qui finit par faire dans son froc.
Très heureux d'avoir découvert ce magnifique mais modeste western plein de bonnes surprises ! Vraiment.