Sous la pression insistante d’une de mes filles, je suis allé voir Valérian. Le producteur Luc Besson est le mâle dominant du cinéma français. Il brasse les millions avec une belle aisance. Le réalisateur est plus contesté. Avouons que ses dernières créations, des Minimoys à Lucy étaient faiblardes, d’où mon inquiétude. J’ai visité les mille planètes et plutôt apprécié. L’introduction est parfaite, en trois minutes transcendées par Space Oddity, il place son univers, couvre les huit siècles séparant la mission Apollo-Soyouz de 1975 de l’année 2740 et déride la salle. Le space-opéra bessonnien refuse de se prendre au sérieux. Nous retrouvons les fondamentaux du Cinquième élément, un univers foutraque mais riche, des décors vertigineux, des aliens à la pelle, des seconds rôles délirants, le tout est embarqué dans une équipée rocambolesque, passablement compliquée, un ensemble fidèle à la série imaginée par Pierre Christin et dessinée par Jean-Claude Mézière.
Pour faire simple, victime collatérale d’un conflit stellaire, la planète Mül a été détruite. Les rares survivants, les doux, empathiques et charitables géants pâles, cousins des indigènes bleutés d’Avatar, luttent pour leur avenir. Notez, que l’ambitieuse scène de bataille, digne de Star Wars, n’est présentée que à titre d’explication, en flash-back. Luc Besson rappelle qu’il sait faire, mais, que non, les grandes tueries l’ennuient, revenons à Laureline ! Le scénario se devait de placer les inénarrables et vénaux Shingouz et un transmuteur Grognon. Le rôle affecté au second dans l’écosystème mulien est tiré par les cheveux. Peu importe, l’histoire n’est qu’un prétexte à un beau voyage.
Le casting est pléthorique, le réplicant Rutger Hauer a finalement vieilli, Rihanna est fort souple, j’ai raté les autres. La jolie Cara Delevingne est fidèle au personnage de Laureline, rebelle à toute raison d’État, féministe, pacifiste et décidée. Dane DeHaan a plus de difficulté avec Valérian, il manque de carrure et de maturité. Leurs gentils et récurrents badinages amoureux ont plu à ma fille. Laureline sauve Valérian, qui sauve Laureline, qui sauve Valérian qui démolit les méchants robots noirs et sauve les tout-blanc... Besson aime les bandes dessinées. Valérian démontre qu’il faut un sacré tas de fric pour traduire en images un album et que la BD est manifestement plus économe.
6,5