Préambule : je précise n'avoir jamais lu la bande-dessinée Valérian. A vrai dire je ne connaissais même pas son existence avant d'avoir entendu parler du film ! C'est donc totalement neutre que j'ai découvert cette adaptation de Luc Besson, qui se targue d'être le film français le plus cher de tous les temps (près de 200 millions d'euros de budget). Mais s'il est le plus cher, est-il le plus ambitieux ?
Clairement, de l'ambition, il y en a. Car visuellement, "Valerian and the City of a Thousand Planets" a de la gueule. Des effets spéciaux soignés, quelques très bonnes idées, et surtout des décors et costumes originaux en grand nombre. L'univers esthétique est certes complètement numérique, mais Besson mise justement là-dessus. Plutôt que d'essayer de le rendre tangible aux yeux du spectateur, le réalisateur offre un spectacle bariolé et immersif, parfois très proche de l'animation.
Cependant, si le film est visuellement immersif, il est émotionnellement totalement froid. La faute revient en grande partie à un scénario mal exécuté. Après un premier acte faisant illusion, les motivations de TOUS les personnages sont des plus nébuleuses. Ajoutez à cela des incohérences et des trous d'écriture qui deviennent de plus en plus béants au fur et à mesure des péripéties, et le spectateur se détache complètement de ce qui déroule à l'écran.
L'autre problème majeur est celui du protagoniste. Dane DeHaan est un flagrant délit d'erreur de casting. Ayant l'air d'avoir 16 ans alors qu'il en avait alors plus de 30 (né 20 ans plus tôt, il aurait eu une belle carrière dans les teen-movie des années 90 !), le gringalet n'est jamais crédible en agent secret spatial d'élite expérimenté. Le côté crâneur peu focalisé de son personnage n'aide en plus pas à le rendre attachant.
A ses côtés, Cara Delevingne est beaucoup plus convaincante en acolyte à fort caractère. Tandis que le budget pharaonique offre toute un panoplie de caméos allant du sympathique (en France, on n'a pas Stan Lee, mais on a Alain Chabat !) au gratuit (Rihanna, qui s'auto-congratule toutes les 3 minutes d'être "la plus grande artiste"). Le spectateur avisé notera d'ailleurs que toute la clique des réalisateurs yes-men d'Europacorp est venu faire une apparition dans la séquence d'introduction...
A l'arrivée, cette adaptation de Valérian s'avère donc être une jolie coquille vide, dont tout l'argent serait passé dans les effets visuels et les caméos plutôt que dans l'écriture du scénario. Pour conséquence, le public ne s'y est pas laissé prendre, le film ayant été un échec cuisant au box office. Brisant ainsi les ambitions de Luc Besson qui espérait concurrencer le MCU... et les comptes en banques d'Europacorp.