Une chose est sur, Nicloux filme l'acteur. Il accorde importance aux regards, aux mouvements et corps des acteurs. Malgré une réalisation non négligée, il restera de Valley of Love , l'impression que deux monstres du cinéma se sont échangé leur jeu durant 1h30. Un hommage ? Non le film est plus intéressant que cela. On est bien loin du choix des acteurs pour la tête d'affiche du film, Nicloux se sert de leur notoriété pour composer un drame qui, s'affiche de plus en plus, Lynchien.
Valley of Love est une énigme. Gérard Depardieu et Isabelle Huppert incarnent des personnages qui joue leur vie mais en même temps jouent des personnages de fiction. Depardieu et Huppert avaient joué ensemble dans "les valseuses" et "Loulou". Nicloux se sert de cette approche pour incarner la caractérisation des personnages, ce sont des acteurs, mais en même temps pour créer un mystère autour d'eux, ils jouent leur propre rôle. L'idée de Nicloux est à double sens.
Le film narre l'histoire de Gérard et Isabelle qui se retrouve dans la vallée de la mort pour honorer la mémoire de leur fils mort par suicide. Le fils,ayant laissé une lettre à sa mère avant de mourir leur indique qu'ils doivent honorer sa mémoire en parcourant différents lieus de la vallée, ayant ainsi une chance de l'apercevoir une dernière fois. Depardieu et Huppert sont en paradoxe tout le long du film. Gérard est rationnel tandis qu'Isabelle croit au fantasque d'un possible retour du fils. Ce qui colle à la réalité au début du film devient mystérieux lors des dernières scènes du film. L'illusion du retour du fils ou le fantasme de ses propres songes, voilà ce qui traverse la psychologie de nos deux personnages dans cette vallée. Depardieu est un ogre qui bouffe littéralement le cadre de l'image (le travail du cadreur s'en ressent) tandis qu'Huppert , toute fragile, compose avec le cadre qui l’oppresse , toute fragile elle n'est qu'un élément du décor. le traveling du début l'a présente telle qu'elle alors que Depardieu arrive en grosse cylindré Ford.
Nicloux dévoile beaucoup de sens dans son film, ses choix de réalisation sont intéressants. Il apporte de l'émotion dans de nombreuses scènes , surtout les scènes de repas , ou le temps semble suspendu pour nos deux personnages. Cependant Valley of Love manque le coche de devenir l'un des meilleures films de l'année. L'ambiance générale du film est beaucoup trop lourde, on étouffe parfois comme nos acteurs sous la chaleur du désert. Le film manque de souffle vis à vis du montage qui laisser durer un peu trop longuement les plans. Mais surtout la musique beaucoup trop grave de Charles Ives à du mal à donner une identité à ce que l'on regarde. Le film est d'un dramatique très beau mais il manque d'étoffe . Ce ne sont que des détails mais des détails qui comptent dans un film ou la portée de la vision de Nicloux nous fait ressortir de la salle tout émue.