Ce soir, je regarde une nouvelle fois ce qui est pour moi comme le meilleur film d’animation.
Boom. L’effet est toujours là.
“Waltz with Bashir” est un film thérapeutique d’Ari Folman, le mettant lui même en scène rongé par la culpabilité d’avoir participer de loin au massacre de Sabra et Chatilla, à Beirut. Cette culpabilité est déterrée après qu’un de ses amis l’appelle en pleine nuit pour lui parler d’un de ses rêves qu’il n’arrête pas de faire, étant lui aussi tourmenté par la culpabilité.
La forme de ce film est son atout principal: un documentaire, témoignant des rencontres du réalisateur, chacune lui apportant son taux de révélation et l’aidant à comprendre le rêve qu’il ne cesse de faire à son tour. Tout ceci, en un mélange d’animation classique, Flash et 3D. Inutile de noter à quel point il est bon de voir un film d’animation ne se laissant pas dicté les thèmes et codes du medium par des gros studios de production. Le medium étant malheureusement devenu un genre à part entière.
Folman utilise en effet principalement le dessin. Pour plusieurs raisons: Premièrement, comme lui dit son ami Carmi, avec qui il échangera ses souvenirs de la guerre, “It’s fine as long as you draw, but don’t film”. Cette méthode lui permet de créer la distance idéal entre décalage avec la réalité et véracité dans la retranscription des faits. Dans un deuxième temps, il ne faut pas oublier que tout ceci n’est que souvenirs imagés. De ce fait, on se concentre sur des ambiances et des sentiments se dégageant des scènes, et non sur l’ultra violence qui pourrait nous être montrée, comme ne se gêne pas de faire tous ces torture-porns qui sortent chaque année. Ici, aucune raison de se détourner du film. On ressent la violence de la guerre sans en être visuellement dégoûté.
“He looked at everything as if through an imaginary camera”, nous dit le Professeur Zahava Solomon. “Then something happened. His camera broke. The situation turned traumatic for him. He had used a mechanism to remain outside events, As if watching the war on film in stead of participating.”
Cette scène est le meilleur moyen d’expliquer les images d’archives de fin, en prise de vue réelle. Après nous avoir narrer son histoire, quoi qu’on ait vu, nous n’avons été que protégés par ce filtre qu’à été, pour le coup, le dessin animé. Le meilleur moyen de vraiment nous impliquer, de nous faire vraiment ressentir l’horreur qu’il y a eu, est de nous y confronter en nous ramenant à la réalité. Jamais la meilleure des technologies ne pourra réellement retranscrire la détresse pouvant être lue sur le visage d’un humain.
On n'en ressort pas indemne.
On est immédiatement plongé dedans. On ne décroche qu’après le générique de fin. On n’a même pas la réponse au MacGuffin du rêve/souvenir inventé du réalisateur et protagoniste de l’histoire. Mais on s’en fou. Cette histoire à dépassé le stade du film. C’est un moyen de se souvenir, de se remettre en question, de progresser.
Je crois que c’est ce qu’on appelle un chef-d’oeuvre.