L'année 1993 fut une des plus productives pour le cinéma Hong Kongais et tout particulièrement en ce qui concerne les comédies. Entre les Stephen Chow (Flirting Scholar, The Mad Monk), les Wong Jing (Sting 2, Holy Weapon), Jeff Lau (Eagles Shooting Heroes) ou encore Clifton Ko (Laughters Of "Water Margins"), le public avait de multiples occasions de rire en faisant un tour dans les salles obscures. Mais comme toujours à Hong Kong, quantité ne rime pas avec qualité, et les spectateurs prenaient le risque certain de tomber sur un produit de bas étage. C'est le cas des infortunés Hong Kongais qui se déplacèrent pour aller voir ce Vampire Family au casting pourtant (relativement) attractif.

Vampire Family porte bien son titre puisque le long métrage de Dick Cho et Eric Tsang se concentre sur la vie quotidienne agitée d'une famille de vampires Hong Kongais. Attention cependant, les vampires décrits ici ne sont pas des Gyonshis mais bien des vampires dans la grande tradition européenne... Enfin, dans la limite de ce que la scénariste a bien voulu en retenir... Etre vampire, c'est ici s'habiller de façon vaguement gothique, être immortel, boire du sang (très très rarement) et se préoccuper de sa virginité. Une vision pour le moins originale des nosfératus ! Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que nos braves vampires demeurent dans une maison remplie de crucifix ou qu'il ne s'inquiète pas outre mesure de se balader en plein soleil.
Bien que ces trahisons envers le mythe de Dracula et ses congénères soient assez agaçantes, elles ne sont pas rédhibitoires par essence. Après tout, le vampire a connu de très nombreuses variations cinématographiques où les règles fondamentales étaient régulièrement modifiés afin d'apporter un peu de nouveauté à la créature fantastique. Mais, chez la Vampire Family, ces trahisons ne sont que la continuation d'un je m'en foutisme général quand au scénario. C'est bien simple : Vampire Family n'a pas d'histoire à proposer ! Les seuls vagues fils conducteurs qui servent à faire avancer le métrage consistent en diverses historiettes amoureuses (Athena/Jimmy, Dicky/Alvina, Eric/Sandra) d'une prévisibilité consternante. Au vu de ce scénario torché et de la réalisation platement illustrative de Dick Cho (un maître dans l'art de ne pas se préoccuper de ses intrigues si l'on en croit sa filmographie) et Eric Tsang, on sent bien que le métrage a été fait à la va vite afin de capitaliser sur l'attrait de la comédie non sensique auprès du public Chinois et sur la popularité de son casting.

Assurément, tous les espoirs étaient placés dans les acteurs, comme si ces derniers pouvaient à eux seuls transformer un néant scénaristique en une accumulation de gags inspirés. Tache impossible même pour des stars de la trempe d'un Stephen Chow ! Or, les producteurs n'ont même pas fait appel à la star comique numéro 1 mais à son clone raté, le consternant Dicky Cheung. Cheung a toujours essayé de surfer sur la popularité de Chow pour construire sa propre carrière. Il est donc logique de le voir faire du sous-Chow dans des films comme Future Cops ou To Miss With Love. Mais c'est ici que le comédien en rajoute le plus dans l'imitation. Ton de voix, utilisation de vocabulaire anglais, grimaces, tout dans son jeu essaye d'émuler les qualités toniques de la star des Fight Back To School et Royal Tramp. Peine perdue, seuls les plus indulgents pourront supporter l'abatage de la pseudo star (et pseudo acteur diront les plus mauvaises langues). Jimmy Lin a lui aussi bien du mal à faire illusion. Sans la moindre aide de la part du scénario ou de ses metteurs en scène, il montre sa vraie nature de minet transparent et insipide. Eric Tsang et Michael Chow ont clairement une tête au dessus des 2 jeunots en matière de comédie mais, même avec leur talent, ils ne peuvent que placer une petite poignée de scènes amusantes de leur cru. Coté féminin, la sublissime Athena Chu est hélas bloquée dans le registre (celui de la belle jeune fille sage et timide) qui l'avait révélée au public lors de la sortie de Fight Back To School 2. Il faudra donc se tourner davantage vers Sandra Ng (quelques attitudes bien senties et une garde robe surprenante pour l'actrice) et Alvina Kong (sexy en diable et jovialement déchaînée) pour espérer grappiller quelques moments comiques amusants dans ces 1H30 de triste n'importe quoi.
Palplathune
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le 14 févr. 2011

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