Le titre Québécois du chef d'œuvre de Jarmusch aurait eu de quoi faire fuir; Ariane Louis-Seize en fait autant avec son premier film, Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant. Le titre provocateur annonce la couleur, et si le film ne s'affranchit pas tout à fait des clichés du film de vampire, il en donne néanmoins une interprétation toute en subtilités.
L'intégration de la comédie, qui tranche par rapport à Morse, ou à Grave (que le duo Denise-Sascha rappelle en creux), est étonnamment très agréable, et la lourdeur attendue n'est pas au rendez-vous. Au contraire, des dialogues crédibles, un scénario dont le décousu fait la fraîcheur (comme dans Only Lovers Left Alive), une esthétique éblouissante et des acteurs impressionnants dans leurs interprétations. La B.O. , elle, est envoutante; par son anachronisme, elle nous happe.
Reste à ajouter, peut-être, que dans cette métaphore du passage de l'adolescence à l'âge adulte, la réalisatrice prend à bras le corps le mythe du vampire pour, semble-t-il, lui donner un nouveau souffle, ce qui paraissait perdu d'avance sur le territoire de la comédie adolescente si l'on se réfère à Twilight. Dans son prolongement, ici, la réalisatrice rebat les cartes du mythe, dans une veine plus réaliste et contemporaine.
La comédie, finalement, fait du bien quand elle est bien réalisée, et ce film, véritable tour de force dans son ensemble, préfigure le vaste potentiel d'une cinéaste à suivre dans les prochaines années.