Assurément, on tient là l’un des meilleurs titres de film de 2024 ! Je dois bien avouer que sans un titre aussi accrocheur, j’aurais sans doute fait l’impasse sur ce Vampire humaniste cherche suicidaire consentant. Oh là là que j’aurais eu tort !

Cette petite comédie vampirique (peut-on vraiment parler d’épouvante ?) possède en effet un charme tout à fait surprenant. Présenté hors compétition au festival de Gérardmer de ce début d’année, Vampire humaniste a tout de suite conquis les spectateurs. Et pour cause, le premier film de la réalisatrice québécoise Ariane Louis-Seize possède un humour pince-sans-rire qui fait le plus grand bien à notre pauvre moral.

Le concept du film est vraiment chouette. Nous suivons Sasha, jeune vampire en pleine crise d’ado (on taira ici son âge) qui a un problème : elle n’arrive pas à trouver l’envie de mordre pour se nourrir et survivre. Ses parents ont pourtant tout essayé, le psy, les examens médicaux, mais c’est plus fort qu’elle : son altruisme la perdra. Heureusement, Sasha rencontre Paul, blanc-bec mal dans sa peau, moqué par ses camarades et collègues. Notre « suicidaire consentant ». Tous les deux, ils débutent une folle épopée nocturne, qui prend des airs de petite comédie romantique.

Tout au long du film, on sent combien la réalisatrice et son équipe ont dû s’éclater sur le tournage. Les dialogues sont souvent bien trouvés, et le scénario est truffé de détails hilarants (qui lors de ma séance ont largement fait réagir le public, j’avais rarement vu salle aussi survoltée).

Rapidement, on se prend au jeu et l’on s’amuse à noter les références et clins d’œil aux incontournables du genre. Bien sûr il y a du Dracula, à toutes les sauces. J’ai de mon côté particulièrement apprécié la parodie très réussie de La famille Addams dans la séquence d’ouverture ; ainsi que le plan final, lunettes noires au ralenti façon Only lovers left alive.

J’ai d’abord été surpris que le distributeur français (Wayna Pitch) ait pris le parti de sous-titrer le film. J’ai trouvé le québécois des personnages très compréhensible (on est loin d’un Dolan où sans l’apport des sous-titres nous autres français sommes complètement perdus), et puis sous-titrer « c’est correct » *imiter ici l’accent canadien* par « c’est correct »… Mais on s’y fait et au bout d’un moment on ne les lit même plus.

Il faut saluer la prestation de nos deux jeunes acteurs. On avait découvert Sara Montpetit – qui interprète Sasha – dans l’excellent Falcon Lake de Charlotte Le Bon, une « histoire d’amour et de fantômes ». Décidément ! Sa longue chevelure noire et son regard perçant hypnotisent et dégagent un caractère de bizarrerie assez envoutant. On a maintenant hâte de la voir dans d’autres films de genre.

Les grands yeux hagards de son acolyte Félix-Antoine Bénard – qui joue Paul – m’ont de prime abord déconcerté. Avec son regard de merlan frit, je me suis dit en premier lieu que le jeune acteur surjouait à mort. Et puis rapidement, la tendresse qu’il dégage - la pitié presque-, prend le dessus et fascine. Une scène notamment, un long plan séquence dans lequel le duo écoute un tourne-disque, enfermé dans la chambre de Sasha en n’osant se regarder, m’a absolument enchanté.

Et puis comment ne pas terminer cette critique sans évoquer l’ultime pied de nez clownesque à l’auditoire : la chanson espagnole du générique de fin « Soy un Drácula Ye-Yé », qui prolonge magnifiquement la bonne humeur communicative du film.

Soy moderno, soy eterno, y lo estoy pasando bien

Soy vampiro, con melena, soy un Drácula Ye-Yé

D’habitude, les lumières se rallument, les noms commencent à défiler, et tout le monde se lève pour gagner la sortie. Là, on reste assis, on dodeline ridiculement de la tête, le sourire aux lèvres.

Vampire humaniste cherche suicidaire est une belle petite pépite de ce début d’année, drôle et incisive, un vrai coup de cœur inattendu et revigorant (de ceux qu’on aimerait découvrir en Cinexpérience), une poche de sang rafraichissante !

D-Styx
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le 26 mars 2024

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D. Styx

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Annette
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