On ne peut pas dire qu'utiliser un argument fantastique pour parler métaphoriquement du passage de l'adolescence à l'âge adulte (avec tous les troubles physiques et psychologiques que ça comprend !) soit quelque chose de nouveau dans le paysage cinématographique contemporain. On ne peut pas dire non plus que le déroulement scénaristique dans son ensemble surprend.
Reste que la réalisatrice québécoise Ariane Louis-Seize, dans un univers quasi nocturne, avec une atmosphère se voulant glaciale (le peu de degrés qui semble faire à l'extérieur aide bien !), réussit à incorporer des choses qui fonctionnent à mort.
À l'instar de quelques moments ou d'éléments de comédie, comment oublier ses poches de sang qui se boivent comme des briquettes de jus d'orange, un père aimant qui ne parvient à se montrer aussi sévère que les membres féminins de la famille (le contraste est savoureux !), le petit ami, légèrement con, improvisé de la cousine (bien malgré cette dernière !) ou la délicieusement atroce séquence d'introduction, avec le clown, qui y va à fond dans l'humour noir.
Ou encore l'attachement que provoquent les deux protagonistes, l'un jeune suicidaire harcelé dans son lycée, l'autre incapable de suivre la tradition familiale en se refusant à considérer tout être humain comme étant susceptible d'aller remplir son garde-manger. Bref, ce sont deux marginaux à leur manière qui se rencontrent et qui vont s'entraider pour atteindre l'objectif de s'affirmer, de s'accommoder au mieux de la réalité sans se trahir.
Et c'est dans cette combinaison étrange d'empathie véritable et d'humour aussi saignant que noir que le long-métrage marque des points. Il faut bien préciser qu'elle est admirablement servie par sa distribution, en particulier son duo d'acteurs principaux, dégageant une belle alchimie, les charismatiques Félix-Antoine Bénard et Sara Montpetit (dont l'apparence gothique n'est pas sans rappeler Winona Ryder dans Beetlejuice !). Ils ont tous les deux des physiques qui collent à la perfection à leur rôle.
Rien que pour eux, ce teen-movie vampirique justifie qu'on s'y laisse mordre... euh, prendre.