On pourrait croire que depuis Nosferatu, il y a un siècle déjà, tout avait été montré sur la figure du vampire. Et pourtant, d’année en année, on ne cesse de trouver des films qui parviennent à réinventer le mythe. Passés les innombrables variations de Dracula et leurs pendant bestiaux qui, s’ils ne réadaptent pas littéralement l’oeuvre de Stoker, se contentent de déplacer le cadre (à l’instar de 30 Days of Night par exemple), on a eu le droit au spleen gothique de Only Lovers Left Alive, à la bluette puritaine de Twilight, au mockumentaire fendard What we do in the Shadows, au traitement social de Morse et à une palanquée de films d’actions burnés façon Blade ou Underworld. Une liste non exhaustive faite de réussites et d’échecs qui nous mène au cru sanguin de cette année, tout droit venu du Québec : Vampire humaniste cherche suicidaire consentant.
Tout est dans le titre.
Le film d’Ariane Louis-Seize se livre à nous tel un cocon low-fi fait d’une douceur attendrissante et d’un humour aussi léger qu’il est discret. Un coming of age malin qui parvient à son tour à réinventer le mythe en créant une branche dérivée de l’humanité, où les stryges vont voir des psys, grandissent en famille et respectent des règles d’hygiène. Le refus de notre protagoniste Sasha (à qui la frange, hideuse coiffure s’il en est, sied à merveille) de s’adonner à la chasse sonne comme un coming-out devant lequel les siens froncent les sourcils. Inadaptée, elle trouve enfin une solution de repli pacifiste en la personne de Paul, un ado tout penaud qui n’a que faire de sa vie.
De quoi faire naître une relation platonique mais réelle qui éclate dans une magnifique scène, où ils se découvrent le même malaise social. Une capsule simple, touchante, en un plan fixe long que vient animer le morceau joué par un vinyle, avant que les corps ne se mettent à battre la mesure. Ils s’acceptent, et voient chacun en l’autre une opportunité. Celle de s’exprimer, de vivre.
Une friandise aussi savoureuse que celle-ci, je mords direct.