Expressionnisme et incompréhension...
De manière générale, je déteste l'approximation. J'ai sans doute un esprit un peu trop cartésien pour ça. Je ne connaissais l'expressionnisme qu'au travers de la peinture, et si comme beaucoup, j'ai admiré la portée, l'aspect abordable de la symbolique de certaines oeuvres; je suis également resté totalement démuni devant certaines.
Et c'est quelque chose que je déteste. Sois parce que ça montre une certaine condescendance d'artiste farfelu, soit parce que je n'ai pas la culture pour la comprendre. Et dans les deux cas, ça m'énerve.
Autant j'ai adoré "le cri" d'Eward Munch, ou "la nuit étoilée" et "Iris" ou "Tournesols dans un Vase" de Van Gogh, autant j'ai détesté Schiele, Otto Dix, George Grosz ou Otto Mueller par exemple. Et je ne parle même pas de la période cubiste....
Ces quelques oeuvres constituent donc en ce qui me concerne le côté abordable de l'iceberg, sans réussir à me faire apprécier le courant. Pour moi il n'est qu'un ramassis de délires d'artistes qui carburent plus à la poudreuse qu'à la confiture au petit déj'. Il y a un public pour ces oeuvres, je respecte ça, mais je trouve cela trop abstrait et capillo-tracté pour que ça soit agréable à regarder et à comprendre. Mon cinéma est avant tout de détente et d'imaginaire. Pas d'agression et d'interprétation. J'aime avoir une marge d'interprétation, mais cadrée dans un univers tangible et concret, une fenêtre de manoeuvre dans un terrain conquis.
Et j'ai atteint ma limite avec ce film, car tout est basé sur le flou artistique. J'ai testé, mais j'ai détesté. L'histoire est terriblement indigeste, le rythme est lent. L'ambiance bancale se pose avec difficulté sur un socle fragile : composé d'un scénario trop vague et trop vaste, ainsi que sur des personnages trop abstraits, on finit par nager assez facilement. Et comme le rythme est très mou, on décroche vite.
Le jeu des acteurs est en plus à cheval avec le passage entre cinéma muet et cinéma sonore, ce qui alourdit encore un peu plus l'image par des séquences à la gestuelle très marquée. On retrouve fréquemment des regards stéréotypés et des visages figés, des déplacements lents et une absence presque totale de plans larges. Chaque séquence est introduite par de longs textes déroulants où on craint à chaque instant de voir arriver une police Gothique. L'horreur. Les traductions sont très rapides et demandent donc un effort d'attention soutenue.
Le problème est justement que cette attention est constamment mise à mal par un fil de l'histoire pas bien passionnant et des scènes très dépouillées, où il faut plus interpréter que comprendre ce que l'on voit.
Je ne nie pas que le travail sur la photographie est intéressant, notamment avec le jeu sur les ombres, inventif et intriguant, où sur le jeu des personnages, énigmatiques et à fort charismes.
Mais ce jeu de l'interprétation m'a saoulé dès le premier quart d'heure et m'a demandé un gros gros effort pour ne pas claquer la porte.
Bref, j'ai détesté. Je respecte ce courant cinématographique, mais pour moi il n'a vraiment aucun intérêt en soi, si ce n'est que de permettre une vision délirante d'une histoire floue.