Moi qui croyais que Jackie Chan était un vieux papy à la retraite. Vieux papy, le bonhomme l’est bien, aucun doute là-dessus. A la retraite, pas vraiment, puisque l’emblématique champion du kung fu joue ces derniers temps dans 3-4 daubes chaque année.
Parmi eux, ce navet d’action chinois qu’est Vanguard.
Treizième réalisation du hong-kongais Stanley Tong Gwai-lai, Vanguard est la 6e collaboration du réalisateur avec Jackie Chan (pour le plaisir, citons tout de même les précédentes : Police Story 3: Supercop en 1992, Jackie Chan dans le Bronx en 1995, Contre-attaque en 1996, The Mythen 2005 et Kung Fu Yoga en 2017).
Bien que tête d’affiche, Jackie Chan n'occupe pas du tout le rôle principal. Dans Vanguard, l’acteur incarne Tang Huating, le directeur d’une très sophistiquée société de sécurité et de protection de personnes VIP, employant d’anciens militaires reconvertis, aux airs d’agents secrets. Un directeur qui ne reste pas vraiment assis derrière son bureau, mais qui va se dégourdir les gambettes à la moindre occasion, lorsqu'il peut se rendre sur le terrain.
L’un des premiers constats que j’ai fait, c’est que désormais Jackie Chan semble trop vieux pour les combats d’arts martiaux à mains nues. Dans Vanguard, Tang préfère la manière plus expéditive des armes à feu. On peut y voir comme une défaite des arts martiaux, nobles, face à la facilité et la brutalité des pistolets et autres mitraillettes.
Le film fait peu de cas de son scénario, qui semble n’être qu’une excuse à l’enchainement de scènes de baston. Il s’agit vaguement de sauver un comptable et sa fille d’une dangereuse organisation criminelle et de gros méchants bardés de cicatrices.
Le scénario fait fi des incohérences et des énormités, au profit de toujours plus d’action. Rien ne nous est épargné, les gadgets version James Bond (la voiture qui se transforme en bateau, qu’on nous sert deux fois de suite dans le récit, et pour laquelle je ne peux m’empêcher une pensée mélancolique pour la Lotus sous-marine de l’Espion qui m’aimait), la chute d’une gigantesque cascade, les abeilles-espionnes robotisées (Black Mirror bonjour !). Le pompon étant sans doute le guerrier sur son overboard, très marvelien.
Cependant, cette volonté de créer un condensé d’action se heurte toujours à un manque de moyens. Pas forcément financiers (le film n’a pas dû être donné, entre les scènes d’action durant le nouvel an chinois à Londres, l’Afrique presque entièrement numérique, et le final à Dubaï qui lorgne du côté de Fast and Furious), mais surtout artistiques : la mise-en-scène est systématiquement sacrifiée au profit de l’adrénaline et des effets visuels.
On ne pourra s’empêcher de remarquer les FX hideux des lions et des hyènes en Afrique (il en fallait de peu pour être au niveau du chien de l’Appel de la forêt de Chris Sanders avec Harrison Ford) ; tout comme le fait que contrairement à Londres et Dubaï, l’Afrique n’a pas le droit à une localisation précise. Ce qui n’empêche pas l’organisation Vanguard de retrouver Mercedes, la fille du comptable menacé, d’un claquement de doigts : « - Elle est en Afrique pour s’occuper de la protection des animaux - C’est bon, je l’ai localisée ».
Enfin, les séquences de comédie romantique – il fallait bien un semblant d’histoire d’amour – semblent ajoutées à la va comme j’te pousse. Elles démarrent par la rencontre de l’agent spécial Lei (joué par Yang Yang) avec la jeune fille, qui le sauve de la mort et l’emmène dans son repère, un cocon pendu à un arbre en pleine jungle, du plus pur effet Marsupilami !
Vanguard est donc un film d’action décérébré, au scénario d’une débilité sans nom, qui s’appuie sur la notoriété de sa tête d’affiche Jackie Chan pour offrir un produit de plateforme (Amazon prime vidéo) fade et boursouflé.
Le film fournit une suffisante dose d’action pour occuper 1h45 du temps de cerveau disponible de consommateurs abrutis. Et j’en fais partie.