Cette critique est particulière. Particulière de par le film traité et particulière parce que ce qui va suivre est une expérience que j'ai vécue et qui fut mis à l'écrit lors d'un échange avec une amie. Alors voilà :
Je vais te raconter une histoire qui m'a bouleversé il y a quelques temps et qui l'a fait ponctuellement durant quasiment toute ma vie et ce, sans aucune équivalence dans mon rapport avec le monde de l'art. Il y a une musique qui me touche plus que n'importe qu'elle autre musique. Pas comme une que j'adore pour sa rythmique ou le fait que ce soit un chef d'œuvre. Je te parle pas d'elle parce que je l'aime au point de t'en écrire un message à rallonge pour t'expliquer a quel point elle est merveilleuse. Même si elle mériterai sûrement cette hommage. Non, c'est que depuis toujours cette musique me touche comme si elle avait toujours été là. Comme celle qui appartiennent à mes vieux souvenirs d'enfants, ponctués par du Michel Berger, Balavoine ou France Gall. Non, cette musique dénote déjà par le fait que, mes parents n'ont jamais écouté ce groupe. Que je la retrouve nul part dans mes souvenirs. Elle s'y trouve, sans trop savoir pourquoi. Pour cause, c'est une vieille musique de radiohead, " everything it is in right place ". J'ai pas su pourquoi cette musique m'a fait l'effet d'une bombe quant à mes 16 ans, après une soirée, tard dans la nuit, le fan de rock et d'electro que j'étais fut directement ébranlé par ces premières notes, son air onirique et la voix enivrante de Thom Yorke.
Elle est restée là, avec ce truc particulier, en plus que les autres pendant tout ce temps. Je retournai l'écouter par moment avec ce sentiment à la fois agréable et dérangeant, faisant la conclusion que c'était peut-être juste elle, qui était comme ça. Et d'ailleurs elle l'est dans un sens, pour n'importe qui je pense.
Maintenant je vais te parler de Vanilla Sky, ce film dont je t'ai dit qu'il avait été le plus marquant pour moi. J'ai découvert ce film quand il est sorti au cinéma. Je devais avoir 9 ou 10 ans. Mes grand-parents avaient l'habitude de nous emmener quelques fois par mois au cinéma, souvent le mercredi, le jour des sorties. A cette époque, je commençais à vouloir voir d'autres choses que les films que mes grands parents voulaient nous faire voir. C'est a cette période que j'ai découvert seul dans une salle obscure le seigneur des anneaux d'ailleurs. Quel bouleversement de découvrir LoTR de cette manière, la plus belle au cinéma de ma vie. Mais c'est pas de ça dont je vais parler.
Quand j'ai voulu voir Vanilla Sky, je savais pas de quoi le film traité, j'avais juste vu Tom Cruise sur l'affiche et je m'attendais à un film d'action dans la ville de New-York, me disant que ça serait mieux que le vieux nanar ou film humoristique que mes grand-parents voulaient voir et aussi j'y allais pour faire le petit garçon sûr de lui.
Du haut de mes 31 ans, je peux le dire, j'ai vu, ce jour là, le film le plus bouleversant de ma vie. Le plus marquant puisque il a définit ma plus grande phobie, il m'a fait m'interroger sur des notions et questions qu'un enfant de 10 ans ne devrait pas soulever dans son jeune esprit de petit garçon. Le film évoque des sujets très profonds, communs tu me diras mais d'une manière très viscérale, intime. Au point que cela devient dérangeant, un peu comme le goût du métal dans la bouche, la comparaison est peut-etre bizzare mais ce sentiment s'en rapproche quand j'y réfléchis. Il te pousse profondément dans ton esprit. Le film traite de son propre rapport à son corps, à l'image qu'il renvoie, a son importance, à l'amitié mais aussi aux choix, leurs impacts, l'importance de chacun d'eux. Il évoque aussi le rêve et les rêves. Les envies, les fantasmes et leurs frustrations. L'amour et son côté fabuleux et métamorphosant. C'est aussi l'épopée tragique d'un Tom Cruise magnifique, où New-York semble presque trop petit pour lui. Je t'en dirais pas plus sur le film, tout comme sur ma phobie. Pour pas te dévoiler quoi que ce soit du film. Je t'invite d'ailleurs à ne pas faire de recherche le concernant si tu dois le voir un jour. Petit, je suis ressorti de la pièce noir, ne disant aucun mots à mes grands parents et mes sœurs, qui m'attendais là parce que leurs films était fini depuis un moment. Agacé d'avoir attendus, ils ne m'ont pas demandés si ce que je venais de voir m'avais plu.
Ce film, j'ai voulu l'oublié profondément, je l'ai cité par moment, pour dire a quel point je l'aimais pas. Pas parce qu'il était nul, même si plus jeune j'avais pas le lexique ou le recul pour dire autre chose. J'ai toujours ressenti une gêne profonde à la vu du titre de Vanilla sky, a la vu de son affiche. Refusant de le revoir, jusqu'a mes 30 ans. Comme si j'allais libéré un truc en moi que j'avais réussi à enfermer avec le temps. Et puis, il y a quelques mois, j'ai revu ce film. Ça paraît étrange mais c'est comme si j'avais pris mon courage à deux mains pour le lancer. Je l'ai revu et c'est là que j'ai compris. Il a fallu quelques secondes au film pour me remettre dans le fauteuil de cette salle obscure. Le même sentiment m'a attrapé le ventre quand j'ai entendu les notes de cette musique de Radiohead ce lancer. Un frisson me parcours le corps en repensant à ce moment, un vertige rare. J'avais compris d'où venait ce sentiment étrange que j'avais quand j'écoutais cette musique durant la plus grande partie de ma vie et en regardant Vanilla Sky, rien n'avait changé. J'avais élucidé un mystère étrange, sans le vouloir, que j'avais oublié avec le temps d'ailleurs, connectant deux choses qui me semblent indissociable aujourd'hui. Pendant le visionnage les mêmes sentiments, la même conclusion et le même rapport d'admiration et a la fois d'aversion pour lui.
J'ai le cœur qui bat plus vite quand je pense à lui, j'ai ce sentiment qu'il regarde en moi et que c'est pas moi qui le regarde. Je le trouve fabuleux en réalité en tant que film.
Cette anecdote folle que le réalisateur à réussie a faire fermé Time Square pour l'introduction du film en fait déjà un film à part ( et c'est d'ailleurs le dernier film à l'avoir fait ). J'aurai jamais cru après l'avoir revu, que Vanilla Sky avait laisser autant de choses en moi. Il m'a aussi fait aimé le cinéma comme je peux le faire aujourd'hui et même définit beaucoup de choses que j'aime. Il est avec le seigneur des anneaux, parmis les expériences cinématographiques les plus fortes et je suis heureux de les avoir vus de cette manière.
On se verra dans une autre vie, quand on sera tous les deux des chats.