Un film inconstant, comme les vagues...
D'abord attirée par l'affiche du film reprenant un tableau de Magritte puis par le synopsis qui présentait un scénario alléchant : voyage dans l'esprit humain par l'intermédiaire de la machine, et enfin par le titre poétique je peux maintenant dire que je n'ai pas été conquise du tout par le visionnage entier du film.
L'histoire est simple : Lukas, scientifique, chercheur, participe à une expérience qui l'amène à entrer en contact avec l'esprit d'une jeune femme dans le coma. On pénètre la vie de Lukas par la fenêtre de l'intimité puisque les premières images qui le montrent présente un homme qui travaille dont la copine éplorée attend l'attention. Prétextant un surplus de travail on le voit continuer à pianoter sur son ordinateur concluant avec un film de l'antépénultième lettre de l'alphabet. Avec ça, le la est donné et avec la suite du film on n'a pas envie de faire ohlala mais plutôt oh laaa, laaa.
Esthétiquement les scènes de première rencontre entre la femme "virtuelle" et Lukas sont très belles : une lumière tamisée plane sur le sable doré d'une plage anonyme et isolée que surplombe une maison à l'architecture douteuse mais à l'enchevêtrement intéressant. L'érotisme, bien que cru, n'est pas pour autant vulgaire ou pornographique. Je précise que je parle du début parce que plus les minutes passent plus l'aspect morbide et malsain ressort effaçant tout l'aspect onirique et sensuel des premières minutes.
En vrac je ne peux qu'aborder quelques scènes qui m'ont marquée : la scène où Lukas, frustré et à son réveil tente de violer sa copine qui a ses règles (ami de la poésie et du sensuel bonjour...), la scène où une prostituée lui offre ses services dans une rue sordide, la scène de débauche au milieu du film où les chairs s'amalgament et fusionnent dans une mer abondante de (beaux) corps.
Les scènes sont certes réussies mais l'on ne comprend pas vraiment leur motivation ni leur intérêt, il me semble qu'elles ne sont qu'un prétexte à l'essai esthétique qui tient beaucoup plus de la bravoure que l'on trouve parfois dans l'art contemporain que de la performance cinématographique mais ce n'est que mon avis (l'absence de moyens, visible au demeurant, a son rôle).
Quant aux scènes qui ne se passent pas dans l'univers immatériel du rêve et de l'esprit, elles sont inexploitées. Les personnages manquent de vie, même si le personnage de Lukas est intéressant le tourment qui devrait l'animer (comme il anime Meg dans "Inception" de Nolan) ne semble qu'à peine lui procurer un bâillement (que j'ai d'ailleurs partagé). L'ancien professeur qui lui sert de guide aurait pu être beaucoup plus travaillé et l'on ne connaît de lui presque que les peines anecdotiques de sa vie privée.
A voir pour les quelques beaux moments esthétiques (le soleil noir qui palpite dans les prunelle de Juga Jutaite par exemple est un moment particulièrement joli) mais à laisser de côté si l'on cherche un film qui tienne sur la durée.