Coup de foudre à Nothing Real

Il faut l'avouer, ce n'est pas un vendredi mais plutôt un lundi soir que j'ai vu ce film, ce qui a sans doute provoqué une faille spatio-temporelle à flux négatif qui a eu pour conséquence directe que... Bah... J'ai pas aimé. Nous sommes à Paris, une veille de week-end donc, et nous pénétrons dans l'appartement de Laure (Valérie Lemercier), une femme qui peut paraître un peu autiste au premier abord. Elle fait ses bagages car le lendemain, elle s'installe définitivement chez son mec. Une fois son méfait accompli, elle saute dans sa bagnole, mais une grève des transports paralyse la circulation dans la capitale, qui n'a déjà pas besoin de ça pour être encombrée, soit dit en passant. Et là, histoire de se prouver qu'elle sait aider les gens quand il le faut, Laure décide d'embarquer le premier type à l'air paumé qui passe dans la rue (Vincent Lindon), mais cette rencontre va légèrement bousculer ses plans.

Si le film peut se vanter d'être original et d'instaurer une atmosphère assez unique, il finit, par contre, par s'éventer rapidement, ne parvenant pas à éviter les écueils du cinéma contemplatif. Encombré de silences gênants, "Vendredi soir" brille par son économie de mots (Lemercier et Lindon n'ont sans doute jamais eu de rôles aussi reposants). Les deux personnages principaux semblent se fondre ainsi dans un tel anonymat qu'ils ne sont absolument pas intéressants. Ajoutez à cela un grand nombre de plans inutiles, en particulier dans la première demi-heure, l'interminable séquence de l'embouteillage et les réactions parfois très cheloues, quand même, de l'héroïne, et la nuit parisienne se transforme très vite en océan d'ennui, baignée de vagues mollassonnes que même un soi-disant coup de foudre ne parviendra pas à agiter. L'épilogue, que l'on espérait plus, sauve et condamne à la fois le film par son étrangeté. Si l'on comprend le message que souhaitait véhiculer la réalisatrice (le sacrifice de liberté individuelle que représente la vie de couple), on reste toutefois assez circonspect devant cette énième fin qui n'en est pas une, et qui aura donc le don d'agacer ceux qui sont réfractaires à ce genre de procédé. Les autres, comme moi, se demanderont si la relation entre les deux protagonistes étaient bien réelle, ou juste fantasmée. Le vendredi, c'est ravie au lit ?