Je ne connaissais pas, jusque-là, le cinéma de Jonás Trueba, et Venez voir est une belle découverte, c'est un film qui, avant tout, parle de cinéma.
Si on me demandait de montrer ce qui fait, pour moi, la spécifité du cinéma, je pourrais montrer les 5 premières minutes de Venez voir, pas de dialogue, une chanson tirée d'un concert dans un bar, une caméra qui se pose, tour à tour, sur les visages des 4 protagonistes, ils bougent un peu, on les cerne déjà.
Pas de dialogue, une musique qui n'est pas insérée juste pour combler le vide et des personnages vivants et expressifs, qui en disent tellement sans pour autant parler, ça c'est du cinéma.
Sinon... c'est court, un peu trop même si l'heure peut, effectivement, aussi suffire pour ce qui est raconté.
C'est simple et juste à la fois, Trueba parle de la vie tout simplement, la vie de jeune trentenaire, de deux couples d'amis, marqués, notamment, par l'annonce d'une grossesse.
La force du film réside dans cette simplicité, on croit en ces personnages, leurs discussions et réactions pourraient être les nôtres, qu'elles soient bêtes ou intelligentes.
C'est juste car, à la fois, il ne nous prend pas par la main, et il ne fait pas non plus de leçon de morale, mais propose des réflexions, très actuelles.
Ils discutent des changements imposés par la bonne conscience mais sur le fait qu'ils ne les font pas, et ne se voient pas les faire, mais dans le même temps, on croit à leur sincérité dans leur envie de ne plus consommer comme le faisaient leurs ancêtres.
Autour de ça, ils discutent, de la vie principalement, des principes ou non, et si une discussion commence souvent sérieusement, elle finira régulièrement en rire.
C'est simple, drôle et pas bête, et tout le long c'est ça.
C'est touchant aussi, l'évocation de la grossesse dans le second acte est mis en scène avec beaucoup d'intelligence, via ses personnages, Trueba s'adresse directement à nous, et il le fait avec brio.
Divisé en deux parties, il maîtrise bien le rythme, utilise la musique (l'introduction donc, mais aussi le voyage en train avec Let’s Move To The Country) avec pertinence, c'est piquant, décalé et chaque petite phrase sonne juste. Les comédiens brillent et la fin, surprenante, conclut merveilleusement Venez voir.