Sans être ce que Johnnie To a fait de meilleur, Vengeance reste un film réussi dans lequel on retrouve la patte si évidente du réalisateur. Si les histoires de ce monstre du cinéma Hong-Kongais restent centrées sur le monde des triades, malfrats et autres tueurs, les trouvailles dans les scènes qui jalonnent ces films lui permettent, tout en restant fidèle à sa mise en scène et à cet univers, de se renouveler constamment. Et ce n'est pas cette réalisation et l'association peu commune avec notre Johnny national qui déroge à la règle.
Si l'acteur dénote un peu au début et qu'on a envie de le voir crier "OPTIC 2000" chaque fois qu'il brandit une arme (peut-être aidé par le côté taciturne du personnage), il fait oublier au fur et à mesure du récit tout ce qui fait Johnny, jusqu'à devenir convaincant.
Côté casting, on retrouve des visages familiers toujours aussi excellents (Antony Wong, Simon Yam, Suet Lam) et la bonne surprise d'une Sylvie Testud bien peu exploitée.
Mais ce qui reste en premier plan, comme souvent chez Johnnie To, ce sont ces personnages, toujours attachants, toujours bien écrit et cette faculté à les placer dans des situations atypiques, latentes et inévitables, dans une tension constante agrémentée de brefs moments de légèretés.
A croire qu'il m'est difficile d'être objectif lorsqu'il s'agit du réalisateur car bons ou moins bons, ces films sans concessions et jalonnés d'humanité restent, quoi qu'il en soit, d'un tout autre niveau que la plupart des thrillers d'actions.