J’avais le souvenir lointain d’avoir détesté. En fait c’est pas si mal. C’est très inégal, souvent trop écrit, chargé en dialogues un brin lourdingues, et formellement c’est assez fade, qu’on navigue à l’intérieur du salon de beauté ou en dehors. Et puis le film se laisse parfois aller à des tentations laborieuses, à l’image du running-gag Mme Buisse, la cliente exhibitionniste. Mais il y a quelques trouées et fulgurances, sur un regard, un détail. C’est assez paradoxal d’ailleurs que les instants les plus réussis soient aussi ceux qui soient les plus artificiels, à savoir tout ce qui se déroule dans l’institut, la succession de clients habitués, les interactions entre les « filles » comme les surnomme leur patronne, incarnée par Bulle Ogier, qui agit en douce maquerelle ensorceleuse. Le cœur du film c’est bien cet institut, son quotidien, mais Tonie Marshall n’y croit pas tellement. Il faut qu’elle en sorte. Mais tout ce qui se déroule en dehors, concerne beaucoup trop Angèle (Nathalie Baye) ce cœur de pierre au passé cruel et trouble, cette esthéticienne qui peut fermer la boutique et disparaître derrière un bus comme par enchantement, pour qu’on ait le temps de s’y attacher. Si le film repose en grande partie sur son interprétation féminine, dommage qu’il s’intéresse si peu aux autres filles, à Samantha, Marie ou Nadine, en somme.