I'm your Venus, I'm your fire at your desire

Quelques précédents m'ont amené à voir ce film au plus vite en cette fin novembre 2011.

Le 25 novembre est une journée internationale contre les violences faites aux femmes (apparemment tout le monde n'a pas très bien l'intitulé de la journée du 8 mars). Cette journée importante sert à faire le constat de la violence persistante et différenciée dans notre société civilisée : en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son mari ou compagnon. Sinon, personne ne parlerait de ce sujet ou alors, de manière, sporadique. Cette journée internationale, soutenu en France par 313 femmes déclarant s'être fait violée, ne précise pas davantage ce qui est entendu par violence. Comment peut-on ne pas considérer comme violents les Etats capitalistes lorsqu'ils se servent des femmes comme d'une main d'oeuvre à moindre coût et précarisable à souhait ?

Autre point.
Tandis que Valls expulse aussi bien les roms que Guéant ou Hortefeux, lors de la conférence de presse du 13 novembre, François Hollande enterre un autre des 60 points de son programme électoral : celui de donner le droit de vote aux étrangers non européens. Et pas à toutes les élections, non, non, non. Juste les municipales. Droit de vote enterré, citoyenneté mise en bière. Et encore, depuis 1972, le PS arbore dans les élections la proposition pour une égalité des droits entre travailleur français et immigrés. Une promesse éternelle et démagogique.

Quant à l'esclavagisme, il serait quelque peu naïf de croire qu'il a disparu, ne serait-ce par le biais des réseaux actuels de prostitution.

Sexisme, racisme et traite humaine. Voilà les trois thèmes fondamentaux posés par Kechiche dans la Vénus Noire.
Qu'on ne vienne pas me dire que je me suis égaré dans ma critique.
Qu'on ne vienne pas me dire non plus qu'il n'y a aucun rapport, que ce sont deux époques différentes, que nous avons évolué, ou que sais-je encore !

Récemment, j'ai été déçu, moralement et artistiquement, par le film "Augustine" d'Alice Winocour. Tous les médias ayant pignon sur rue ont dit de ce film qu'il était féministe ! Si c'est "Augustine" ou la vision de la réalisatrice le féminisme, je ne donne pas cher de son programme d'émancipation.

Au contraire, dans sa vision subjective de l'Histoire du colonialisme, Kechiche veut faire de la Vénus Hottentote une figure de grâce, une proue, une avant-garde dans la compréhension fondamentale du racisme et du sexisme. Séquence après séquence, il fait germer les stigmates de la violence qui conduisent à trouver amoral la toute première séquence du film (où un médecin fait la description physique de la Vénus, y compris des parties génitales, comme modèle de la tribu Hottentote).
Ici, pas de vision frontale. C'est plutôt la succession de situations humiliantes, dégradantes qui est fait état, avec pour objectif sous-tendu de trouver répréhensible ce qui est commis à l'encontre de cette femme-symbole de l'ignorance de tout un continent de blancs, toutes classes confondues. La séquence du tribunal londonien met en relief les intérêts paradoxaux de Saartjie Baartman - ce qui en fait une personne très riche pour comprendre ce qui se passe dans cette période de troubles. Oui, parce qu'il faut préciser que la Vénus est née en 1789 et fut amenée à Londres en 1810 avant de mourir en 1815 à Paris. Le siècle des Lumières et son soi-disant humanisme est passé par là et pourtant la Vénus a continué d'être exposé comme un objet de curiosité et de recherche avec le consentement plus ou moins éclairé de la principale intéressée.

Kechiche permet, comme vous le voyez, de signifier beaucoup de choses en un film. Peut-être un peu de trop. Il permet aussi de nous interroger sur la situation actuelle, loin d'être parfaite. Au-delà du film utile pour notre gouverne, sa caméra introspective, alimentée par une mise en scène et une interprétation de Yahima Torres toutes en nuances, accomplit un film historique rare et révélateur.
Quant à moi, je suis certain de pouvoir ré-actualiser n'importe quand les actualités en amorce de cette critique.
Andy-Capet
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le 29 nov. 2012

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