Pourtant, je l'ai poncé, le genre horrifique. Tellement que je n'avais presque plus l'habitude de ressentir ce sentiment de pure frayeur, qui te fait te secouer sur ta chaise, sursauter, crier, hurler. Ce malaise qui s'empare de toi, soudainement et progressivement, qui te fait rentrer pleinement, qui t'absorbe inconditionnellement dans le film. Qui place tous tes sens, tous tes récepteurs en alerte absolue.
Je n'avais plus eu aussi peur dans une salle de cinéma depuis Hérédité. C'était en 2018.
Je n'avais plus crié dans une salle depuis l'adolescence.
Oui, j'ai une certaine sensibilité face aux araignées. Les mouvements rapides de leurs huit pattes velues, la forme de leurs crochets, les multiples paires d'yeux noirs, leur aspect grouillant… Qu'est ce que le film parvient bien à représenter tous ces éléments, donnant le sentiment d'un danger permanent, te poussant à chercher le moindre détails sur chaque mur, à regretter chaque clignement d’œil.
Et au delà du pur aspect "train fantôme à huit pattes", la réalisation est généreuse, l'écriture intelligente, la mise en scène efficace, les choix scénaristiques crédibles et pertinents, la direction d'acteur impeccable (mention spéciale à Jérôme Niel, tout à la fois drôle et subtil, et Sofia Lesaffre, absolument déchirante).
Au milieu du film, je me disais déjà qu'il sera dur de le sortir de mon top 2024.
Et puis dans le dernier quart, il y a cet affrontement avec la police, et notamment ce dialogue entre l'acteur principal Théo Christine et Malik Amraoui… Whaou. Quelle maîtrise, quel uppercut. Le cinéma est politique, et ce film est un coup de pied dans le ventre à tous les discours méprisant et déshumanisant sur les cités de banlieue… Tout en étant un extraordinaire film d'horreur.