Je ne raffole pas des araignées mais je ne me qualifierais pas d'arachnophobe pour autant. Je craignais que le sentiment de crainte envers ces bestioles ne prenne pas à l'écran et finalement ça le fait.
Le parallèle entre la vermine que représente ces machins à huit pattes et les banlieusards traités littéralement comme de la vermine par les flics dans le film est évident et bien amené. L'une des idées du film qui m'a plu, c'est la métaphore de la boîte. Dans ce HLM vétuste, Kaleb et sa sœur ont été mis dans une boîte. L’araignée qu'il va récupérer sera aussi immédiatement mise dans une boîte avant que la situation ne dégénère. Et cette situation va mener les protagonistes à tout faire pour éviter de mourir, c'est-à-dire terminer dans une boîte (leur cercueil).
La dimension fantastique du film fait qu'on va passer de véritables petites araignées à des gros trucs en numérique plutôt bien faits sans que ça fasse moins effet sur le spectateur.
C'est plutôt bien filmé, il y a quelques plans un peu impressionnants pour se la jouer à l'américaine mais dans l'ensemble j'ai surtout remarqué une maîtrise des codes des films d'horreur qui rendent le déroulement du film très fluide et ludique à la fois. Ce n'est pas révolutionnaire mais la construction du film permet aux personnages d'être attachants et à tous les arcs narratifs entamés d'atteindre une fin satisfaisante.
Dans la salle où j'étais les gens riaient beaucoup et ce qui est intéressant à retirer de cette expérience c'est qu'il s'agissait tantôt de rires liés à la situation ou à une réplique parce que les échanges entre les personnages sont très vifs et des rires pour extérioriser le frisson qu'on a ressenti quelques secondes plus tôt.
J'ai beaucoup aimé l'ancrage assez fort dans une réalité qui peut parler à tout le monde. Les films qui se déroulent en banlieue, quand on y vit pas, c'est parfois un peu abstrait et certaines recettes vont être utilisées pour nous montrer cet environnement et nous faire comprendre comment il fonctionne. Ici il y a des éléments du quotidien qui viennent me parler personnellement, alors que c'est du détail : la présence d'une C3, l'allure des radiateurs dans l'appartement de Kaleb, la pendule bon marché avec des oiseaux dans sa cuisine (ma grand-mère avait la même), l'utilisation d'une enceinte Bluetooth en pleins travaux de rénovation ou le capteur défaillant pour la lumière dans l'immeuble. Tout ça c'est simple et insignifiant pour beaucoup, mais ça m'a aidé à croire à cet univers. En général ce genre de choses on s'en tape, on ne le montre pas où on ajoute une grosse couche de pathos à l'écran pour en faire quelque chose d'un peu misérable. Là c'est leur vie de tous les jours, ça ne fait pas rêver mais c'est comme ça pour beaucoup de gens.
Tous les acteurs sont convaincants alors je pourrais tous les énumérer mais à la place je vais en citer deux qui occupent des rôles secondaires. D'abord il y a Sofia Lesaffre que j'avais vu il y a un moment dans Les trois frères, le retour, et son personnage était si insupportable qu'elle le devenait elle-même. Ici au contraire elle est attachante et ça me fait plaisir de revoir des acteurs que je n'ai pas vu depuis longtemps au cinéma mais bien meilleurs qu'ils ne l'étaient dans mes souvenir. Ensuite il y a Jérôme Niel. Je n'ai jamais douté de ses talents d'acteur, mais je ne pensais pas le trouver un jour aussi crédible qu'ici.
Il y a du Benjamin Epps dans la B.O. et j'ai aimé entendre sa musique au cinéma, il y a quelques passages volontairement haotiques qui m'ont paru un poil trop longs et brouillons qui faisaient redescendre un peu la tension, mais en dehors de ça j'ai trouvé que Vermines était un bon divertissement, plutôt malin par dessus le marché.