Après avoir mis de côté le film de zombies, sous-genre horrifique le plus populaire des années 2000, Paco Plaza s'attaque à ce qui doit sans doute constituer le deuxième domaine dans lequel le cinéma d'épouvante à puisé son inspiration ces dernières années, le film de possession démoniaque. Rien de neuf sous le soleil espagnol en somme. Mais c'était sans compter les multiples ressources que nous réservent "Veronica", ressources qui vont allègrement secouer un genre bien trop figé dans ses propres codes depuis quelques années déjà malgré quelques tentatives parfois louables de renouvellement (le sympathique "Délivre-nous du mal" de Scott Derrickson qui mêlait épouvante et thriller) .
"Veronica" donc, inspiré d'un fait réel survenu au début des années 90 au cours duquel les enquêteurs ont, pour la seule et unique fois dans l'histoire du pays, classé une affaire incompréhensible en notant la présence d'éléments paranormaux dont ils ont été témoins (ça commence déjà fort niveau angoisse).
Deux niveaux de lectures dans le film de Paco Plaza : celui d'une horreur particulièrement efficace et digne du cinéma de James Wan et le second, un drame familial où une jeune fille de 15 ans, parentalisé suite à la mort de son père et à la quasi-absence de sa mère, va s'affirmer comme une véritable mère pour protéger ses frères et soeurs.
Pour réinjecter un peu de surprise dans ses effets horrifiques, Plaza s'est inspiré de ce que le cinéma d'épouvante a fait de mieux ces dernières décennies ("Les Dossiers Warren" voir encore plus loin à l'écoute de l'excellente BO qui rappelle fortement le cinéma de Carpenter) en dosant à merveille jump-scares, gore et effets spéciaux. Jamais grand-guignolesque mais parvenant à garder le suspense pendant 1h45 (une durée assez longue pour le genre), "Veronica" profite de la belle mise en scène de son géniteur pour nous offrir quelques beaux moments de flips à coups d'effets de caméra bien-pensés.
Côté histoire, le réalisateur espagnol a bien compris qu'un film de cet acabit ne peut pas se contenter de foutre les jetons à son public. En peignant le portrait touchant d'une adolescente qui va devoir affronter les pires horreurs pour s'affirmer en tant qu'adulte (encore une fois, "Le Labyrinthe de Pan" n'est pas loin), le cinéaste donne une véritable substance à son film et donne beaucoup, plus d'enjeux à ces scènes d'angoisse où le danger prend autant d'ampleur que l'empathie que nous pouvons ressentir pour les personnages. De plus, le film évite de trop faire intervenir l'aspect religieux comme cela est trop souvent le cas dans ce type de films, pour se recentrer sur ses personnages et privilégier le côté intimiste à la théologie portnawak.
Si on voulait faire la fine bouche, on pourrait dire que "Veronica" est ce qu'il est grâce à ses illustres prédécesseurs. Mais réussir à mêler autant d'inspirations n'est pas toujours chose aisée et Plaza réussit l'équilibre parfait pour nous livrer le meilleur film de possession depuis bien longtemps