Veronica Mars: la magie n'opère plus
Veronica Mars est l'une des séries qui a largement contribué à faire naître ma passion (comprendre "addiction") pour ce genre télévisuel. Après des découvertes de jeunesse un peu honteuses (Hartley coeurs à vif, Charmed ou pire, Un, dos, tres!), j'ai découvert ce joli brin de fille malicieuse et débrouillarde l'année de ma majorité. Vous savez, celle où on se croit (à tort!) enfin adulte, où l'on rêve d'aventures en tout genre, d'une vie hors du commun et d'un petit copain aussi mystérieux que le riche et torturé Logan Echolls.
Quand j'étais jeune (pas de commentaires désobligeants svp), je voulais être Veronica Mars. Drôle, rusée, belle et tourmentée, elle avait tout. Même le super téléobjectif que j'ai toujours rêvé d'avoir. Neptune High, c'était le campus américain le plus cool du monde. Tellement plus glamour que les amphis désertés de la fac d'Angers... Je trouvais chacune de ses enquêtes rondement menées, je me faisais systématiquement avoir par le twist de fin d'épisode, et je dois admettre que j'étais particulièrement sensible au magnétisme qui se dégageait dès que Veronica se trouvait dans la même pièce que Logan. Quand la série s'est arrêtée brutalement en 2007 après trois saisons, j'étais nostalgique avant l'heure, même si j'avais déjà un peu décroché.
Quand Kristen Bell est réapparue dans la saison 2 de Heroes, je n'étais que joie et impatience. Son apparition fut brève, et la série battait déjà sévèrement de l'aile. J'ai du ensuite me contenter de sa voix dans Gossip Girl, que j'ai rapidement abandonnée en cours de route. 2013, nouvelle joie, nouvel espoir: Rob Thomas veut ressusciter Veronica Mars, au cinéma, cette fois.
10 ans après la création de la série donc, Veronica est enfin de retour grâce à la générosité de ses fans qui ont financé le projet, et à la pugnacité de son créateur Rob Thomas. Je trépigne (encore) d'impatience, et j'ai la chance de pouvoir le découvrir avant tout le monde, bien qu'il ne sortira qu'en vidéo à la demande en France, à partir du 19 mars.
La bonne nouvelle, c'est qu'on retrouve tous les ingrédients qui ont fait la magie de la série. Veronica est une incorrigible fouine à l'humour osé, Logan est toujours aussi peu locace, Dick toujours aussi débile, et Keith toujours aussi protecteur, alors que sa fille est désormais jeune femme accomplie. Le problème, c'est qu'à part Veronica (et encore), aucun ne semble avoir évolué. Wallace parle toujours comme un branleur de 16 ans, la peste du lycée semble même avoir regressé. Seul le biker au coeur tendre Eli Navarro s'est rangé (et encore). Les jeunes gens riches et célèbres de Neptune tournent toujours en rond et ne semblent guidés que par le surf, l'alcool et les fêtes branchées. Bref, j'étais heureuse de les retrouver, et rapidement mal à l'aise de constater que contrairement à moi, il n'avait pas changé d'un iota, à part dans le choix de leur garde robe. A croire qu'écrire pour les adolescents est inscrit dans les gènes de Rob Thomas...
L'enquête à laquelle s'attaque Veronica est plutôt bien ficelée bien que souvent téléphonée. La musique, elle, est à pleurer. On a quand même le droit à un moment de grâce, lorsque notre blonde préférée rencontre James Franco sur son chemin, dans une posture pour le moins insolite. Prévoir de rester jusqu'à la fin du générique pour profiter au maximum de cette expérience loufoque.
Le pire moment du film [attention spoilers], et sans doute le plus attendu pour les midinettes nostalgiques dans mon genre, est celui où Veronica retombe (évidemment) dans les bras de Logan, devenu militaire (affreux ce costume blanc et cet air pincé d'ailleurs). Tout est grossier dans cette scène: la façon dont elle se jette sur lui, la lumière faussement tamisée, la façon dont ils s'embrassent goulument comme des ados de 14 ans en tournant des heures autour du pot. La magie n'opère plus.
Je ne sais pas si je me fais trop vieille pour m'intéresser aux turpitudes des bobos de Neptune, ou si mon oeil de sérievore est devenu trop affûté au fil des années (modestie quand tu nous tiens!), mais pour moi, ce passage sur grand écran est raté. Sans pour autant parvenir à entacher mes années Veronica, qui appartiendront toujours à un passé doré.