Si les deux premiers films ont su rapporter plus d’1 milliard de recettes à la saga, le second opus n’a pas réussi à se démarquer autant que le premier. La faute notamment à un résultat qui semble bien plus du copié/collé en plus trash du précédent que d’une véritable suite. Un constat qu’a pris en compte Todd Phillips et son équipe pour ce Very Bad Trip 3 qui, dès la bande-annonce, montre sa différence scénaristique. Une différence qui ne s’arrête pas qu’à l’écriture. Une différence censée apporter une nouvelle fraîcheur à la saga. Une fraîcheur devant finir cette dernière en beauté ! Une fraîcheur qui, finalement, se présente comme la pomme empoisonnée de cette conclusion.
Oui, dans ce troisième épisode, finis les gueules de bois et autre trips ! Cette fois-ci, pas de réveil étrange après une nuit de cuite dont il est impossible de se souvenir. Pas de découvertes délirantes sur ce qui s’est passé la veille. Very Bad Trip 3 sort donc des sentiers battus de la saga pour nous conter plutôt les conséquences des 2 premiers films. Celles où lorsque la Meute décide enfin d’emmener Alan à l’asile pour qu’il se fasse soigner, le pauvre Doug (encore lui) se retrouve kidnappé par un mafieux qui menace du coup ses potes de retrouver le cultissime M. Chow pour une question de lingots d’or. J’ai dit conséquences ? Plutôt références. Car Very Bad Trip 3, bien que différent, impose son appartenance à la saga en n’étant basé que sur les moments inoubliables de ses prédécesseurs (Las Vegas et le Caesar Palace, le bébé surnommé Carlo, l’évocation de Bangkok, le tatouage de Stu…). Pour au final vouloir nous raconter une histoire, mettre en avant les personnages d’Alan et de M. Chow, jusqu’à essayer de nous émouvoir. Un choix courageux, il faut le reconnaître ! Malheureusement, à trop vouloir montrer à quel point Very Bad Trip peut se montrer travailler scénaristiquement, le troisième opus perd la force propre à la saga : l’humour !
Si le film tend vers le policier avec des personnages charismatiques et quelques moments comiques, à aucun moment ce troisième opus n’arrive à retrouver la folie de la série. Finis les gueules de bois et autres trips, disais-je ? Alors fini aussi la cascade humoristique du 1er opus. Fini le côté trash du 2nd. Very Bad Trip 3 ne se contente que de son histoire, oubliant d’user du pouvoir comique que représentent pourtant Alan et Chow (pour rappel, il s’agit des deux protagonistes les plus drôles de la saga !). Et à trop vouloir faire dans le sérieux, la majorité des gags du film (pour ne pas dire intégralité), ne fonctionnent pas. Ou du moins ont bien du mal à arracher un sourire de notre visage. Que ce soit les gamineries d’Alan (même le coup de la girafe – sans mauvais jeu de mot – ne se montre pas aussi délirant que prévu) ou les envolées fumées de Chow (malgré un petit I Believe I Can Fly sympathique). Bref, Very Bad Trip 3 joue cette fois-ci dans la cours des comédies « bien trop gentilles » pour être appréciées, même un minimum ! Si le 2 n’était qu’un copié-collé du 1, ce 3 a finalement fait l’erreur de se séparer des bases de la saga, en prenant un ton différent à cette dernière. Il faut attendre une séquence pendant le générique de fin pour avoir un gag digne de la série, c’est pour dire !
Et comme si cela ne suffisait pas, les acteurs vus depuis le 1er film semblent eux aussi atteints par ce changement. Si ça joue convenablement, le résultat final s’en retrouve pourtant touché par ce manque de moments délirants. Il n’y a qu’à regarder Ed Helms (Stu) qui ne s’énerve et ne panique jamais autant que dans les autres films. Il n’y a qu’à regarder Bradley Cooper (Phil) en mode mineur. Il n’y a qu’à regarder Zach Galifianakis qui arrive à rendre Alan attachant sans toutefois le rendre aussi délirant qu’auparavant. Il n’y a qu’à voir Ken Jeong, ici bien plus bouffon de service que personnage hilarant. Et enfin, il n’y a qu’à voir Justin Bartha (Doug) qui semble se faire chier à chaque fois qu’il apparaît à l’écran. À croire que le côté sérieux de Very Bad Trip 3 a déglingué le capital sympathie et la bonne humeur de cette Meute ! Et cela, aucune des retrouvailles de ce film (Heather Graham, Jamie Chung, Myke Epps ou encore Mike Tyson) n’arrive aucunement à redonner du panache à l’ensemble. Ni même la pourtant géniale participation de John Goodman en mafieux qui confirme malheureusement le ton bien trop sérieux de ce troisième opus.
En clair, Very Bad Trip 3 peut plutôt se présenter comme un divertissement regardable mais vite oubliable. Comme si Michael Bay s’était mis à la comédie policière sans arriver à égaler la connerie délirante de son Bad Boys 2 et en perdant toute énergie. Cet opus a pris le risque de ce différencier de ses prédécesseurs. Un risque qui lui coûte au final sa place dans la saga et lui soutirant un humour pour lequel le spectateur fait le déplacement en salles. Dans un sens, cela concorde au chemin qu’à suivi la série dans le cœur du public : une saga qui débute sous les meilleurs augures (la surprise suscitée par le 1er) pour se terminer de la plus mauvaise des façons (avec un 3ème opus complètement raté car ne remplissant aucun cahiers des charges désirés). Triste fin pour un trip…