Il suffit de la présence de Zach Galifianakis sur la jaquette pour qu'un titre comme Visioneers se transforme par la magie du marketing en Very Big Stress. C'est d'autant plus amusant car c'est le monde industriel et capitaliste qui est critiqué ici, où tout est poussé à des limites stressant les gens à un point qu'ils se mettent à exploser littéralement.
Chose à préciser tout de suite, l'histoire prend place dans une réalité alternative, tout comme dans The Invention of Lying, et donc toutes sortes de choses inattendues arrivent, dont les explosions citées plus haut, mais aussi d'autres, dont le salut, qui consiste en un doigt d'honneur, servant de métaphore pour mettre en avant ce que pensent en réalité les cadres qui se disent bonjour dans les grandes firmes.
Le monde est devenu un havre de stress, et les chiffres le démontrent, et c'est de ceux-ci que cette œuvre se nourrit, la rendant contemporaine et particulièrement en phase avec la société actuelle. Galifianakis développe les premiers symptômes de stress, et effrayé à l'idée d'exploser, il se remet en cause, car la bulle formatée dans laquelle il vit l'a poussé à suivre le même chemin que les autres, et finalement vivre une vie qui ne lui convient pas.
Bref, Very Big Stress est une œuvre complexe, originale et dystopique, critiquant avec brio la société actuelle, déshumanisée et où tout le monde cache ses sentiments, craignant d'exploser, ou plus concrètement, faire une dépression, et être jugé.
Très noir et fataliste, situé dans un monde farfelu pour souligner l'absurdité du notre, cette production n'est pas une comédie comme son titre pourrait le laisser penser, mais plutôt un drame, bien qu'elle dispose d'une certaine dose d'humour particulièrement acerbe.
Au delà de la critique, un message, vos maux peuvent venir de la société qui vous a conditionné, mais quand rien ne va plus, c'est à vous de prendre les choses en main afin de vivre la vie que vous voulez, et non celle que vous avez choisi sans vraiment y réfléchir.
Les frères Drake, qui produisent, scénarisent et réalisent ici leur premier long-métrage s'en sortent donc avec brio, bien que certaines parties aient tendance à brasser un peu du vent, mais ça serait pinailler sur la forme.
Pour conclure, les amateurs de comédies façon Very Bad Trip risquent de déchanter dès les premières minutes, et sourciller d'incompréhension, ceci du à son titre français qui repousse une nouvelle fois les limites jusqu'auxquelles sont capables d'aller les distributeurs. Encore une fois, ce sont ceux qui seront à la recherche d'un drame mêlant critique de société et réflexion sociale qui risquent de louper cette production à cause de son titre, mais s'ils vont au-delà de celui-ci, ils auront probablement le produit qu'ils recherchent.
Mention spéciale pour Zach Galifianakis qui apparaît enfin dans un rôle qui fait appel à ses talents en comédie et ne lui demande pas uniquement de faire le taré comme dans la pile de comédies dénuées d'humour dans lesquelles on l'a vu.