Ma première expérience avec le cinéma de Joe Begos s’est avérée plutôt douloureuse. Almost Human (2013) aura été dur à regarder, malgré la flatteuse réputation qu’il se trainait dans les festivals, mais il se dégageait malgré tout du film cet amour du réalisateur pour le cinéma gore horrifique des années 80. Je tente aujourd’hui ma chance avec son dernier métrage en date, VFW, après un Bliss (2019) de bonne réputation et un The Mind’s Eye (2015) qui divise. Et vous savez quoi ? Joe Begos remonte immédiatement dans mon estime. Sorte de croisement entre Assault on Precint 13 et New York 1997, VFW est loin d’être parfait. Mais il possède néanmoins un côté très fun et respire une fois de plus cet amour du réalisateur pour les 80’s. La sauce a immédiatement pris, j’en suis sorti le sourire aux lèvres, preuve s’il en est d’un très bon moment à défaut d’être mémorable.
VFW est, à l’heure où j’écris ces lignes, la dernière production en date de Fangoria après les rigolos Satanic Panic (2019), Porno (2019) et Puppet Master : The Littlest Reich (2018). Le film se situe dans le futur, à une époque où l’Amérique est presque devenue une zone de guerre, où la Police n’est plus que l’ombre d’elle-même. La nuit est trop dangereuse pour les flics, surtout depuis qu’une nouvelle drogue est arrivée sur le marché. Une drogue hautement addictive appelée Hype et connue pour transformer ceux qui la prennent en mutants violents qui ne reculeront devant rien pour avoir leur prochaine dose. Le film prend place dans le bar VFW local, un établissement où se réunissent d’anciens combattants qui semblent noyer leurs souvenirs de guerre dans l’alcool. Leur petit quotidien va être chamboulée lorsque débarque à grandes pompes dans le bar une jeune fille avec un sac à dos au contenu mystérieux et qu’une horde de mutants punks camés à sa poursuite se mette à attaquer l’établissement. Pour nos vaillants anciens soldats, pas d’autres choix que de protéger la petite et le bâtiment. Ce vieux rade est leur QG, et ils le défendront jusqu’au bout, quitte à mettre leur vie en danger.
Les inspirations de Joe Begos sont ici diverses et variées. Assault on Precint 13 et New York 1997 comme dit en introduction, mais pas que. Il y a du Mad Max dans son film, du Atomic College (Class of Nuke Em High en VO), du Class of 1984/1999, le tout avec une ambiance proche de Hobo with a Shotgun qui était déjà un hommage à cette époque. Joe Begos continue donc avec VFW à montrer au public son amour inconditionnel pour le cinéma d’horreur des années 80. Et il va aller encore plus loin.
Affiche vintage façon dessin (comme pour Almost Human), musique d’ambiance électro se rapprochant de ce que faisait John Carpenter à l’époque, visuel volontairement granuleux afin de donner l’air au film d’être plus âgé, Joe Begos pousse le vice jusqu’à donner la vedette à plusieurs vieux briscards qu’on est content de revoir. Même si Stephen Lang (Don’t Breathe, Avatar) s’est plus illustré ces dernières années, on retrouve dans les rôles principaux William Sadler (Die Hard 2, Les Evadés), Fred Williamson (Les Guerriers du Bronx, Les Nouveaux Barbares), Martin Kove (Rambo 2, la saga Karate Kid), David Patrick Kelly (Commando, 48 Heures) ou encore George Wendt (House, Dreamscape). Le réalisateur va énormément jouer sur le côté « vieillard » de ses personnages qui vont du mal à se mouvoir et qui vont faire comprendre très rapidement qu’ils sont « trop vieux pour ces conneries », mais qu’ils sont malgré tout toujours là, debout, sur leurs pieds. Néanmoins, le film ne va pas lésiner sur les moments bien badass avec nos vieux croutons et il va se montrer ultra violent, avec de nombreux effets gores très graphiques et volontairement 80’s style. Tête qui explose en gros plan, coups de hache qui giclent, membres qui volent, œil crevé avec les doigts, découpage de corps à la scie circulaire, … L’hémoglobine coule à flot, et de nombreuses scènes procurent une certaine jouissance par leur côté over the top complètement fun. Pas de CGI, que du gore qui tâche à l’ancienne car ça semble être le mot d’ordre de Joe Begos.
Le schéma de VFW va être très classique, avec la fameuse scène façon MacGyver où ils vont improviser et fabriquer des armes pour se défendre, mais en soi ce n’est pas gênant car VFW ne cherche à être rien de plus qu’un divertissement bourrin et fun. Le vrai gros problème du film, c’est qu’il est visuellement très sombre. Très très sombre. Trop sombre, et la visibilité s’en retrouve altérée. C’est dommage car les nombreux éclairages au néon (bleus, rouges, surtout rouges) donnent un très bel aspect à la bobine. Mais quand on n’arrive parfois même plus à reconnaitre les acteurs car c’est tellement sombre qu’on ne distingue plus leur visage, ça commence à être problématique.
Avec son casting de vieux briscards, son gore assumé et son côté bourrin, VFW est un chouette divertissement horrifique. Certes, ce n’est pas du grand cinéma, mais c’est fun et ça se mange sans faim.
Critique originale : ICI