VFW (Vétéran From War) s'inscrit dans toutes cette vague de films se nourrissant de la nostalgie des années 80 et d'une certaine idée du cinéma. Le film de Joe Begos se double d'un évident hommage au film Assaut de John Carpenter et aux seconds couteaux d'un cinéma d'action qui terminera bien souvent sa course sur les rayonnages DTV de supermarchés dans les années 90. Joe Begos ne s'embarrasse pourtant pas de psychologie nostalgique pour livrer un film brut et rectiligne qui se contente juste d'exploiter à fond son maigre postulat de départ.
Dans VFW on se retrouve dans un petit rade paumée d'une banlieue sinistrée et abandonnée depuis longtemps à une faune de junkies accroc à une nouvelle drogue les rendant particulièrement instables et violents. Ce bistrot tenu par un vétéran du Vietnam est surtout fréquenté par une poignée d'autres anciens soldats. Un soir une jeune fille débarque dans le bar alors qui vient de dérober le stock de drogue du dealer local pour se venger de la mort de sa sœur. Aussitôt le trafiquant lève une armée de junkies dégénérés auquel il promet des doses à profusion contre la vie de la jeune fille et le retour de son stock. Les vétérans s'apprêtent à voir une nuit de siège et un ultime baroud d'honneur ...
VFW est une pure série B qui tout en rendant un hommage sincère à Carpenter ne s'enferme pas non plus dans la dévotion référentielle. Certes de par son cadre, son sujet, son ambiance, sa musique et ses personnages le film fera penser à Assaut mais il trouvera aussi sa propre identité, son propre tempo et son propre univers. Une bonne partie du plaisir que procure le film vient fatalement aussi de sa galerie de vieux personnages badas et de cette réunion d'acteurs de seconds plans bien moins clinquante que celle d'Expendables mais autrement plus réjouissante à mes yeux. Autour de l'excellent Stephen Lang (Avatar - Manhunter - Tombstone - Last Exit to Brooklyn) on retrouve le légendaire Fred Williamson (Boss Nigger - Casse dans la Ville - Les Guerriers du Bronx - Une poignée de Salopards - Une Nuit en Enfer), William Sadler ( Les Evadés - 58 Minutes pour Vivre - Echec et Mort - Hot Spot), cette sacrée trogne de Martin Kove ( la série des Karaté Kid - Rambo 2 la Mission) , David Patrick Kelly ( Inoubliable dans The Warriors de Walter Hill - The Crow - Twin Peaks - Dreamscape - Malcom X - Commando) et dans un rôle bien trop court le rondouillard et sympathique Georges Wendt (Dreamscape - House - Fletch aux Trousses - La Liste Noire). Si ces acteurs ne constituent pas le haut du panier ils restent de ses trognes que j'adore particulièrement, de ses acteurs dont on ne connaît jamais le nom mais qu'on a la sensation d'avoir vu dans des centaines de rôles de seconds couteaux . Tout comme les vétérans du films ils sont des soldats oubliés ayant pourtant maintes fois combattus, condamnés à se remémorer le bon vieux temps accoudés à un bar. Autant dire que lorsqu'une bande de trous du cul excités se pointe à l'horizon, l'occasion de reprendre du service et défoncer du crâne vide ne se fait pas prier.
VFW a le bon ton de ne jamais verser dans une forme de parodie appuyant à l'excès le côté vieux baroudeurs rouillés des personnages. Certes au détour d'une punchline bien sentie ou d'un combat trop éprouvant le poids des années servira de pivot à quelques moments plus légers mais dans l'ensemble le propos de VFW est tout autre, comme une confrontation de deux mondes pourtant portés par une même attirance pour l'affrontement et le gout du sang. Si de toute évidence nos papys auraient préférés se rincer le gosier et se rincer l'œil dans un club de striptease ils sont aussi bien excités de reprendre du service et livrer une furieuse dernière bataille. Le plus souvent éclairé aux tristes néons du bar on assiste alors à une sacrée confrontation d'une violence sèche et abrupt bien loin de tout effet gore rigolo; dans le cas présent ça explose des tronches à coups de genoux, de hache, de talon ou de shotgun méchants; ça cogne, ça explose, ça démastique et ça fait mal. Même si sa mécanique des affrontements est un peu répétitive et que les personnages plus jeunes ont du mal à rivaliser de charisme avec les vieux de la vieille, notamment le chef de méchants et la gamine qui trouve refuge dans le bar, VFW demeure un solide divertissement à plus d'un titre.
VFW est un pur divertissement de série B limite grindhouse, un film brutal et rectiligne comme un coup de poing direct dans les gencives et une belle déclaration d'amour à bien des mamelles nourricières de mon amour du cinéma comme le bis, les trognes, le cinéma de genre, Carpenter, les années 80 et le gore... Que demandez de plus ?