Quelle déception.
Comment un film peut être génialement porté par son acteur principal, mais comment peut-il s'écrouler sur le scénario, vide, qui frôle le ridicule?
Tout donnait envie: un casting incroyable (merci à Amy Adams et Christian Bale), une période de l'histoire sous-étudiée, un vice-président fourbe et influent, un positionnement ancré à gauche, l'idée de la satire... Tout semblait parfait. Vice était le film politique de 2019. Et pourtant, on l'oubliera vite, et à raison.
La vie politique de Cheney est longue et riche. Difficile de tout regrouper dans un film de 2h. Et le film se découpe ainsi: la première partie sur l'avant ère Bush, la seconde sur le pendant de l'ère Bush. Comment résumer 30 années de vie politique en première partie, et toutes les subtilités de l'ère Busg dans une seconde ? La première partie se concentre sur l’ascension de l'homme. Il ne se passe rien, on comprend (vite fait) les motivations de Cheney à prendre du pouvoir (si ce n'est LE pouvoir), et c'est tout. Inutile pour le téléspectateur qui connait à minima les différentes carrières de l'homme, puisque l'on apprend rien. Heureusement, la brillante prestation de Christian Bale accélère les aiguilles de notre montre.
Enfin, la seconde partie est absurde. Bush fils est présenté comme un gamin ridicule, obnubilé par la boisson, totalement naïf, et prêt à lâcher beaucoup de lest à Cheney en tant que VP, sans aucune contrepartie. Incroyable gap entre les deux. L'amateurisme du personnage de Bush est gênante, tant son rôle dans l'histoire du monde (et surtout du Moyen-orient) est vital. De plus, le film évoque le rôle de Cheney dans la guerre en Irak, mais sans parler de l'historicité américaine: rien sur la première guerre du Golfe et la volonté américaine de faire tomber Hussein bien avant le 9.11, rien sur les volontés économiques de Cheney dans la zone (si ce n'est quelques brèves qui sont anecdotiques). En revanche, montrer les avis d'un panel américain sur la guerre américaine, on en a la pelle. Un problème d'argumentation, en soit.
Les arguments servant à décrédibiliser les USA dans la guerre en Irak sont (trop) nombreux. Adam McKay avait TOUTES les clés pour faire de ce film, un grand film. Le montage est acerbe, la place du journaliste en voix off inutile, son comportement risible. Rien ne va. Ce n'est pas grâce à ce film que le journalisme d'opinion va prendre du galon. C'est Cheney qui doit rire devant son écran de ciné.