Vice représente tout ce que j’apprécie dans le cinéma.
Un cinéma qui dénonce et rit face à l’ironie d’une machine aux rouages bien huilés, alimentée par le sang, l’argent, la bêtise humaine... Et les heureux hasards. Une machine infernale que rien ne semble pouvoir arrêter dans sa course. Une sorte de Game of Thrones moderne, mais sans nichons…
Hey, mieux vaut en rire qu’en pleurer hein ?
Biopic à l’humour grinçant, satire irréaliste, Vice est un film moqueur qui ne lésinera pas sur les moyens que le medium met à sa disposition (principalement le montage, le changement de ton et donc le décalage) pour vous arracher un rire coupable aux moments les moins opportuns, à contre-courant de la bien-pensance dont il véhicule pourtant les messages les plus convenues.
Portrait acide aux allures de comédie grand guignolesque, le film est à l’image de ces figures de l’ombre, sorte de marionnettes inversées qui tirent les ficelles et changent le destin de nations (qui n’en demandent pas tant) : gras, loquace mais terriblement efficace dans ce qu’il entreprend. Vraisemblablement porté par ces hallucinantes gueules caricaturales au dernier degré, Christian Bale en tête, méconnaissable, qui nous gratifie d’une prestation des plus caustiques dans son incarnation du diable en personne. On saluera tout de même les performances du reste du casting, Steve Carell, Sam Rockwell, Amy Adams…
Mais aussi de courtes mais bonnes surprises à l’image d’Alfred Molina qui s’illustre le temps d’un caméo lors d’une scène de restaurant, cas d’école symptomatique de l’humour du film où l’on abandonne carrément les pincettes et la subtilité au profit d’une immonde tirade, affreusement délicieuse, absolument cynique… Et on en redemande…