Pas qu'une chanson des Inconnus !
Double visionnage à l'occasion de l'arrivée des personnages dans Disney Magic Kingdom.
Un des meilleurs Pixar, sans conteste. On retrouve toute la magie, la féérie, l'imagination, la créativité, l'émotion et la beauté qui font la fierté du Studio.
La genèse, il faut la contextualiser pour décortiquer cette brillante idée de l'exploitation et du fonctionnement du cerveau humain et des émotions, pas forcément novatrice.
Dès 1981, Roland Magdane débarque avec un sketch détonnant et original, pétillant de malice & de finesse, d'inventivité : "Les Organes", inspirera sans doute Roman Doduik très récemment pour Le Cerveau.
Magdane interprète (à l'instar de Doduik) tous les organes du corps humains via un téléphone pour communiquer à tous les niveaux & différents étages : Allô ici les amydales, dites donc les dents, vous pourriez pas mâchez un peu, non ? On vient de voir passer une nouille de vingt centimètres, c'est insensé !"
Roman se resservira brillamment du concept et du téléphone, fictif pour Magdane, antique et physique pour Doduik, mais en mêlant les émotions, sans doute tirées du film.
A la fin, pendant le pré-générique, on aperçoit toutes les options que recèle cette recette grandiose sur toutes sortes de profils, jusqu'aux canins uniquement intéressés par la nourriture, jusqu'aux chats laissant inerte leur console de pilotage, se baladant sur les touches, justifiant leur cavalcades insensées.
Quel délice ce film, une pépite, une masterclass, et surtout une formidable métaphore pour des gens qui se laissent dicter leur émotions par impulsion. Tous les humains possèdent les mêmes émotions : la peur, la joie, la tristesse, la colère & le dégoût, sommairement.
On aperçoit que c'est la Joie qui gouverne à l'essor du film, pour s'allier au final avec Tristesse créant ainsi un mélange dithyrambique nommé mélancolie nostalgique.
Lorsqu'on rentre brièvement dans la tête des parents, on s'aperçoit que c'est la Tristesse aux commandes des manettes chez la mère et la Colère qui domine chez le Père, figure d'autorité oblige.
Finement observé, retransmis d'une façon minutieuse pour les systèmes nerveux irrigant et relayant les informations, alimentant les îles, véritables temples pour tout ce qui est important dans une vie et permet de se construire en s'appuyant sur des souvenirs & des expériences.
Avec une partie aventureuse intrépide lorsque Joie & Tristesse, duo opposé atypique que leur périple va conduire aux travers d'une visite vers le train de la pensée, au royaume de l'imaginaire, de l'oubli, de la mémoire à long terme, à la fabrication devant caméra cinématographique des rêves, à se comprendre pour ne plus s'opposer mais se compléter et ainsi reproduire la complexité du processus cérébral avec poésie.
Enfin, ultimes références pour clôturer les idées parallèles, toujours en 80, sort en France il était une fois la vie, où l'intérieur du corps humain, du cerveau au cœur central, conduit par un Maestro (Roger Carel) dont on rêve tous pour professeur (marié à Mlle Bille en tête d'un certain Bus Magique), où sont personnifiées les cellules, les porteurs d'oxygènes, les agents de sécurité du système immunitaire. Vice & Versa a pu puiser sa source d'inspiration également de cette série animée française jusqu'à la fin des années 90 où c'est à Québec que François Pérusse, fourmillant d'idées novatrices lui aussi, a développé le contexte une quinzaine d'années avant le film, avec illustration en image de synthèse, lui qui d'ordinaire et à l'origine ne faisait que de l'audio, illustrée par la suite en animation.
On y retrouve tous les ingrédients du film, un écran tourné sur les yeux du monde extérieur, la fameuse console pour dicter les émotions et répéter les mots conseillés.