C'est le grand retour en force du studio Pixar, avec ce qui est très certainement leur meilleur film d'animation jusqu'à présent. Vice-Versa est super beau, mais ça on y était déjà habitué avec la firme américaine. Par contre, là où le film fait vraiment la différence avec ses aînés, c'est au niveau de l'écriture qui est juste brillante. Le film joue habillement sur la complexité des cinq émotions (joie, tristesse, colère, peur et dégoût) et sur la façon dont elles interagissent avec la mémoire. Et l'humour n'est pas en reste, avec des moment très drôles. On passe souvent des rires aux larmes, parfois même lors de la même scène. Et comme souvent avec Pixar, le film s'adresse tout autant à des enfants (ou plutôt à des ados) qu'à des adultes. Avec Vice-Versa, Pixar ne révolutionne pas les films d'animation 3D, mais il prouve qu'il est toujours capable de proposer des films intelligents, émouvants et drôles à la fois.
Après son déménagement, tout a l'air d'aller pour mieux pour Riley, mais c'est parce qu'elle refoule toutes les autres émotions. Et si à première vue elle respire la joie (ou je ris "jaune" de joie), c'est uniquement pour garder le morale. En réalité, elle ressent de la colère (ou "rouge" de rage), du dégout (ou je suis "verte" de dégoût), de la peur (ou "parme" de peur) et de la tristesse (ou le blues de "bleue"), mais ne les exprime pas ouvertement, préférant les cacher derrière la joie. Riley est nostalgique et veut retourner en enfance, n'étant pas prête à affronter le monde des "plus grands".
La joie est généralement perçue comme une émotion positive et pourtant, en fonction des circonstances, elle peut traduire un fort mal être intérieur, un sentiment refoulé, un sentiment qu'il faut absolument cacher. Le film montre aussi que nos émotions se complexifient au passage à l'âge adulte. On a un réel besoin d'équilibre émotionnel, prenant en compte toutes les émotions, qu'elles soient positives ou négatives (en fonction des circonstances, encore une fois). La joie n'est pas la seule émotion positive, parce que toutes les émotions ont un effet positif selon la situation donnée.
La joie, c'est bien, c'est réconfortant ... mais c'est aussi un sentiment fuguasse et puérile ! Dans la même idée, la tristesse n'est pas forcément une émotion négative, c'est aussi un signe de maturité et elle permet de se construire. C'est parce que Riley ignore sa tristesse, qu'elle est sur le point de tomber dans la psychose et dans la dépression. Toutes les émotions sont positives, car elles permettent de vivre pleinement l’expérience comme elle se manifeste à nous en cet instant, en étant plus présent et plus conscient à ce qui est là. Il faut juste être capable de les gérer et de les exprimer de la bonne façon. Et puis quelqu'un qui est tout le temps joyeux ou euphorique, est tout autant agaçant que quelqu'un qui est toujours apeuré ou triste.
Pour finir, mention spéciale au personnage qui m'a le plus touché dans Vice-Versa, il s'agit de l'ami imaginaire. Je le trouve tellement bien écrit et tellement bien amené ...
Il permet à Joie de s'échapper et de retourner au cortex cérébrale. Et lorsqu'il disparaît dans le trou de l'oubli, j'ai trouvé ça tellement beau, émouvant et triste ... j'en ai même versé une petit larme !
L'ami imaginaire porte en lui un très beau message, celui de l'enfant qui doit grandir et donc oublier une partie des rêves (aka l'ami imaginaire), pour mieux avancer dans la vie. Et non content d'avoir des musiques magistrales avec un thème principal absolument superbe, le film peut se targuer de ne pas être manichéen. Vice-Versa est l'un des seuls films d'animation des studios Disney et Pixar sans grand vilain qui planifie un projet démoniaque et dont il faut se débarrasser à la fin. Certes, le clown peut être considérer comme un obstacle pour Joie, mais on ne peut pas vraiment le considérer comme un grand méchant.
Bref, Vice Versa est l'un des meilleurs, si ce n'est LE meilleur film d'animation des studios Pixar. C'est vraiment l'un des seuls qui ait réussi à réellement me toucher, avec Wall E et Toy Story.