S'il y a toujours eu une chose qui a caractérisé le Pixar des belles années, c'est bien la capacité du studio à créer des films universels, des œuvres qui trouveront écho chez les plus jeunes comme chez les plus vieux. C'est là que le fameux de 7 à 77 ans prend tout son sens. Sur plusieurs années, le studio a accouché de plusieurs films aux multiples niveaux de lecture, permettant presque une redécouverte à chaque visionnage. Revoir un de ces long-métrages après plusieurs années procure un plaisir indescriptible, très enfantin. Vice-Versa est l'apogée de tout ces éléments.
Alors qu'à l'époque on hurlait au déclin du studio à la lampe, à la fin de son âge d'or et qu'on insultait Dysney pour l'avoir racheté, la sortie du film se profilait doucement. C'était le premier projet original de Pixar depuis le controversé Rebelle. On a eu le droit ses dernières années à Monstres Academy (plutôt sympathique) et à Cars 2 (sans commentaires), autrement dit pas grand chose à se mettre sous la dent. On ne croyait pas un jour retrouver les hautes sphères et la maturité atteintes avec Toy Story 3. C'était sans compter le talent de Pete Docter (déjà à l'origine de deux des plus belles réussites du studio, Monstres et Cie et Là-haut) et ses scénaristes qui offrent un long-métrage d'une densité rarement vue dans un divertissement familial. Le tour de magie made in Pixar fait effet encore une fois : proposer en un seul film une aventure colorée, drôle et inventive compréhensible par les enfants et qui plaira aussi aux adultes et un drame familial émouvant et mélancolique sur une enfant qui grandit (qui arrachera quelques larmes aux plus grands, Pete Docter sait sur quel bouton appuyé et à quel moment). Le tout pourrait être étudié en fac de psychologie tellement l'exploration du psyché de Riley et du fonctionnement du cerveau humain est minutieuse, les représentations de différentes concepts abondent et toutes les péripéties viennent y trouver justification. Il faudrait presque écrire un roman pour tout analyser.
Mais le véritable propos fort du film, dont on entend j'ai l'impression très peu parler, c'est la place de la tristesse dans les émotions. Cette même Tristesse que Joie essaye de mettre à l'écart pendant toute l'aventure et qui est pourtant la clé. Sans la tristesse il n'y pas de joie. On a besoin autant de l'une que de l'autre pour se construire. Dans notre société, c'est une émotion qu'on à tendance à vouloir absolument rejeter. Or il faut savoir parfois l'accepter. Il n'y a rien de grave à pleurer un bon coup et à dire ce qu'on ressent, ça ne peut que faire du bien.