Deux ans après le pas trop mal Monstres Academy, Pixar, qui avait amorcé un déclin dans la qualité de ses productions à la sortie de Cars 2, reprend du poil de la bête, grâce au réalisateur de Là-Haut.
Co-réalisé avec Ronaldo Del Carmen, le film s’attarde sur une petite fille nommée Riley, à l’âge de onze ans, et en particulier sur le centre de contrôle situé dans sa tête où se retrouvent les cinq émotions qui guident ainsi sa vie. On y découvre alors les personnages de Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût qui pensent que tout va bien jusqu’au jour où Riley déménage à San Francisco, une passade difficile d’autant plus que Joie et Tristesse se perdent dans l’esprit de Riley, emportant avec elles les souvenirs essentiels de celle-ci. Le duo va alors devoir retrouver le chemin du Quartier Général afin de sauver les souvenirs de Riley et la faire avancer dans la vie.
Si les productions Pixar se distinguent bien par des scénarios assez loufoques et originaux mais traités de manière fine et incroyable, ce nouveau film fait office d’outsider d’inventivité face aux autres. En effet, les scénaristes ont du sérieusement se creuser les méninges pour pondre cette merveille d’animation. Ils arrivent à insuffler une certaine sympathie à tous les personnages en mettant en avant tous leurs défauts afin de les rendre très attachants, et c’est ce qui fait la force du film. S’il s’attarde principalement sur les personnages de Joie et Tristesse, chacun trouve parfaitement sa place au sein de l’intrigue, d’autres plus que certains, faisant progresser l’histoire à bon escient, sans que le spectateur ne s’ennuie une seconde. Tout élément à sa place qui lui est destinée et l’histoire regorge d’originalité, avec pleins de détails intrigants, comme le physique des personnages ainsi que leur couleur, très représentatif de leur personnalité, les lieux visités sont extrêmement bien trouvés, comme la Mémoire à Long Terme, le Pays de l’Imagination ou la Production des Rêves, qui sont de véritables trouvailles visuelles et scénaristiques. Les scénaristes arrivent parfaitement à doser l’émotion nécessaire au film, celui-ci étant déjà basé sur des émotions et le sujet étant un peu casse gueule, ils arrivent à jongler avec des moments très drôles et d’autres très touchants comme on en a rarement l’occasion de voir au cinéma, prouvant ici toute sa force émotionnelle.
Cette émotion présente est donc renforcée par un casting vocal français cinq étoiles et un doublage vraiment très réussi, ce qui est rarement le cas dans tout sorte de doublage. Disney embauche donc la pétillante Charlotte Le Bon pour incarner Joie, la drôle Marilou Berry en Tristesse, le récent césarisé Pierre Niney en Peur, Gilles Lellouche en Colère et Mélanie Laurent en Dégoût. Tout le casting vocal est absolument parfait, chaque acteur étant dans le personnage, uniquement qu’à travers un timbre de voix quasi parfait donnant un rendu exceptionnel. On a quand même une préférence pour Gilles Lellouche qui campe un Colère absolument hilarant. Si les émotions sont encore plus fortes, c’est aussi grâce à la musique composée par le fidèle Michael Giacchino qui est ici superbe, tout comme l’animation utilisée qui devient de plus en plus performante, et ici vachement inventive en ce qui concerne l’apparence des personnages, ceux-ci n’étant pas lisses mais pétillent de leur propre personnalité. Quant à la 3D, celle-ci est comme à son habitude, parfaitement fluide mais totalement dénué de tout effet de jaillissement et même de profondeur ce qui s’avère être assez dommage.
Vice-Versa s’inscrit donc parmi les chef d’œuvres de Pixar, débordant d’inventivité, de folie, d’imagination et d’émotion, qui parlera autant aux petits qu’aux grands. Un film transgénérationnel donc qui vous fera passer des rires aux larmes, et vice-versa.
P.S. : Le court-métrage présenté au début du film, à propos d’une histoire d’amour chantante entre deux volcans, est très réussi ainsi que très émouvant. Une petite merveille lui aussi.