Merci Pixar !
Je commence par la conclusion car, comme le titre québécois l'indique, la dernière production Pixar m'a mis sens dessus dessous. Ca faisait longtemps qu'un film d'animation ne m'avait pas marqué à autant de niveaux différents. En explorant l'esprit humain, les mécanismes de la pensée, des sentiments et des émotions, Pixar nous gratifie ici d'une oeuvre à la fois brillante et inventive qui parlera assurément plus aux adultes qu'à leurs enfants.
Pourquoi ? Tout simplement parce que ces derniers n'auront pas le recul pour capter et, surtout, apprécier les messages véhiculés. Dans Vice Versa, on suit Joie, Tristesse, Peur, Colère et Dégout, les 5 émotions qui régissent la manière d'être de Riley; une gamine de 11ans qui voit son quotidien bouleversé suite au déménagement imposé par les obligations professionnelles de son père. Si tout le monde comprendra qu'un déménagement n'est jamais quelque chose d'évident, il faudra par contre avoir un minimum de vécu pour profiter pleinement du fabuleux travail de modélisation de l'esprit humain.
Architecturalement parlant, la représentation de nos mécanismes cognitifs est grandiose. De la cellule de contrôle où les émotions (anthropomorphiques) s'en donnent à coeur joie, aux îles qui structurent notre personnalité, en passant par l'usine des Rêves ou encore les rouages de la mémoire; c'est une pure réussite créative. D'autant plus que ces zones font appel à des thématiques fortes comme le souvenir, la mémoire sélective, l'imagination, l'imago etc,... Personnellement j'ai vraiment aimé le voyage, et j'en ai pris plein les yeux.
Mais au-delà de ça, le film m'a parlé. Il m'a parlé dans le sens où il a induit chez moi un fort sentiment d'introspection. A titre d'exemple, si en première lecture Bing Bong est l'ami imaginaire de Riley, j'y ai personnellement vu un rêve brisé et balayé par la force des choses symbolisée par l'irrépressible courant de la vie. De plus, à la fin de la séance, je n'ai pas pu m'empêcher de revoir bon nombre de situations de ma vie mais à travers le prisme de la modélisation des sentiments de Vice Versa. J'ai revu des scènes en m'imaginant mes émotions anthropomorphiques aux commandes de mes réactions. J'ai passé en revue la couleur de mes souvenirs. C'est en cela que je trouve le film très réussi.
Alors bien sûr, on peut reprocher à Vice Versa d'avoir quelques légers soucis au niveau du rythme, comme par exemple lors de la visite de l'Imaginaire ou de la poursuite du Train de la Pensée. On peut également déplorer que Dégout soit une émotion un peu en retrait, même si cela s'explique par le fait que Riley soit encore jeune et que ses gouts et opinions ne soient pas encore affirmés, ni même définis. Après tout, elle a encore toute la vie devant elle.
Je ne vais pas redire ce que j'ai écrit en introduction, donc je vais me contenter de chaudement vous recommander Vice Versa si vous ne l'avez pas encore vu. Pour moi c'est un pur coup de coeur recommandé par mes émotions !