Le problème de Vice Versa tient dans son concept.
En reléguant les émotions à des personnages autonomes et déconnectés de Riley, celle-ci ne devient plus que le pantin de ces personnifications des émotions, rendant cette semi-héroïne transparente.
Ainsi la petite fille est complètement désincarnée, Pixar ayant détruit la passerelle intime et les interconnexions possibles entre les émotions et son personnage-sujet qui semble subir et ne pas pouvoir choisir.
De plus, la personnalité de la petite fille échappe à une narrativité classique, ne se concentrant plus que sur des souvenirs, des sortes de cartes postales sans liens qui ne forment plus qu'un agglomérat publicitaire, fil type Facebook, ne relatant que des épisodes heureux ou marquants : le quotidien est aboli, la profondeur écrasée, la subtilité effacée.
Heureusement, le scénario renverse cette valeur en réhabilitant le rôle de Tristesse, personnage sûrement le plus intéressant du film, et donc le rôle d'une mélancolie sans qui la joie n'aurait peut-être plus de sens.
Passé cela, le film reste une merveille d'inventivité, nous intrigue dès le début (malgré un milieu de film mou) et conclut sur de belles touches d'humour. L'émotion reste un peu nivelée par l'artificialité du système et la narrativité, mais Pixar se rattrape par ailleurs par son inventivité et la simplicité finale de son propos, qui pour une fois dans un dessin animé n'est pas moralisateur. Une histoire complexe pour un scénario un peu trop basique tout de même.
Mais on les remercie quand même d'offrir des films toujours pour tous âges, et d'oser cette conceptualisation pas évidente pour les plus petits.