Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

    C’est assez rare de voir un film de Walt Disney destiné aux adultes. C’est encore plus rare un film pour adultes, que les enfants pourront s’approprier sans peine. Un dessin animé aussi au format Pixar, pas Disney, mais très consensuel, donc pas Pixar, Disney a absorbé Pixar. C’est un mariage pour le pire et le meilleur. Ici, on a un aperçu du meilleur. Et Pixar semble prendre le pas sur Disney. Un film normal, un dessin animé normal, aucune loufoquerie en vue. Et soudain, naît un bébé, et ça commence. L’imagerie se met en branle, et les affects du bébé prennent forment. Cinq émotions, Joie, Tristesse, Dégoût, Colère, Peur. Joie, toujours solaire, de bonne humeur, Tristesse, une petite grosse dépressive, etc. des petits lutins amusants, comme Pixar sait en créer, s’approprient un monde grotesque, le cerveau du bébé, réduit à une poste de commande, avec des boutons roses, jaune d’or, sur lesquels on appuie, pour choisir la chose à exprimer, action, réaction. D’une logique simple et rigoureusement scientifique. En plus, comme j’ai vu récemment Mon Oncle d’Amérique, le parallèle est facile et évident. Le tour de force qui consiste à décrypter nos processus mentaux, et à les mettre n images, est un exploit en soit ; le raccourci (malin), c’était choisir un bébé, ce qui expliquerait pourquoi ses émotions soient décrites aussi simples, sans contradiction aucune, qui vont de soit. L


   es mécanismes qui entrent en jeu, dans notre tête, notre corps, notre inconscient, sont évidemment plus complexes, mais en simplifiant à l’extrême, on obtient un bon film de vulgarisation, et on se rattrape sur les personnages, pittoresques, drôles, difformes, accessoirisés, géométriques, bloqués dans l’espace-temps, dans une dimension parallèle, on peut tout se permettre avec un cerveau, surtout si on est dedans.  Alors ça prend un peu de temps à démarrer...


     Puis suite à un accident, Joie et Tristesse sont évacuées du poste de pilotage, et laissent la place à Peur, Colère, Dégoût, qui n’arriveront pas à gérer la situation, pour le plus grand bien de la narration. La course contre la montre, pour retourner prendre les commande, avant la catastrophe, sera la parie la plus intéressante du film. Joie et Tristesse rencontrent de vielles connaissances. L’ami imaginaire, les agents de nettoyage, qui font le tri entre ce qui doit rester en mémoire, et ce qui doit être viré à la poubelle… le petit ami idéal aussi.


    Par un concours heureux du scénario, la famille déménage du Wisconsin à la Californie, et la petite Riley, qui a bien grandit, prend le choc du déracinement en plein cœur, en cela, bien aidée par Peur, et Colère, complètement incompétents à gérer le stress de la gamine. Joie et Tristesse, plus complémentaires qu’on ne le croit, vont-elles arriver à temps ?


   Donc c’est un vrai dessin animé/comédie dramatique pour toute la famille. Là, c’est pas mal. Le voyage de Joie et Tristesse à travers les méandres du cerveau, permet aux artistes de chez Pixar d’exprimer toute leur excentricité. L’ami Imaginaire ( qui pleure des bonbons), le petit ami idéal (qui n’est pas vraiment un chevalier blanc en armure), le cerveau espace très coloré, très lumineux, qui ressemble à un parc d’attraction, un arc en ciel, un vrai feu d’artifice. On sent qu’ils se sont lâchés, tout en respectant scrupuleusement l’esprit Disney. On ne fait pas de vagues, on reste correct, bien sage, on a évolué graphiquement, mais derrière, la petite souris avec son chapeau d’apprenti sorcier veille.


    Et évidemment, il doit y avoir un happy end, que j’ai trouvé un peu lourdaud, bien à plat sur le plancher des vaches, mais bon, c’est Disney. Amener le film sur de telles hauteurs même si ça reste symbolique, et retourner dans le mélo final larmoyant, c’est la solution de facilité pour se sortir de l’impasse. Monde intérieur symbolisée par des petits personnages très amusants, contre monde réel, papa, maman, et Riley, c’est comme marcher sur une corde raide. Le pari est réussit car ça fonctionne, en n’oubliant pas à quel public ce film est destiné. Et j’ai bien aimé le petit appel du pied au spectateur, quand Joie découvre un nouveau bouton sur le tableau de bord, un gros bouton inconnu qui s’appelle : Puberté. Cela promet une suite, non ? Disney qui s’éloigne de son fond de commerce féérique, pour devenir plus romanesque, un récit d’une logique expérimentale implacable. Pas mauvais, pour du Disney.

Angie_Eklespri
7
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le 24 nov. 2015

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Angie_Eklespri

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