Et si la psychologie pouvait être poétique ?

Presque 10 ans après la sortie du premier volet, les studios Disney/ Pixar, vedettes de l'animation, nous ont concocté le très attendu Vice-Versa 2 pour une seconde immersion dans la tête de Riley.

A priori le parfum du film semble être le même qu'en 2015 : mêmes émotions entourant la pétillante joie, même atmosphère entre douceur et légèreté , même fonctionnement cérébral. Et pourtant il flotte comme une odeur de changement... Et pour cause : la puberté débarque ! Et avec elle, de nouvelles émotions viennent peupler la tête de l'héroïne désormais adolescente:

anxiété , ennui , embarras et envie prennent le pas sur l'ancienne équipe menaçant ainsi la confiance en soi de Riley. Alors que penser du tableau de Pixar sur ce chamboulement que nous avons tous connu ?

D'abord esthétiquement, les studios signent encore un très beau film.

Les personnages sont très bien faits et correspondent à l'énergie qu'ils dégagent notamment anxiété avec sa petite tête hirsute.

Le clair obscur est particulièrement présent dans le film et donne vraiment de très belles images. Les animateurs se sont amusés à explorer une belle palette de couleurs évoquant ainsi les divers ressentis pop corns et contradictoires qui cogitent en la petite fille.

Au niveau de l'histoire, j'ai été encore une fois impressionnée par la solidité du scénario et l'habileté avec laquelle émotion et fantaisie sont mêlées.

L'idée en elle même est incroyablement originale et l'approfondir a du demander beaucoup d'inventivité à ses créateurs.

Avec Vice-versa 2 ,les règles du storytelling de Pixar confirment leur préciosité. De petits détails insignifiants prennent ainsi pleinement leur sens à la fin du film et deviennent essentiels pour sa morale . Les nombreuses métaphores du film nous poussent à revoir le film pour pouvoir accéder à plusieurs niveaux de lecture.

Alors en soi la trame est la même , les émotions du premier volet ont été chassées du quartier cérébral et doivent retrouver non plus un souvenir mais la confiance en soi de Riley au tréfond de la mémoire pour ensuite retourner d'où elles viennent. Mais cette trame résonne autrement grâce à un nouveau contexte, de nouveaux personnages, des nouveaux lieux explorés et la pagaille semée par la team Anxiété chez Riley amorçant sa métamorphose. Ce n'est en aucun cas redondant !

Mais si je devais qualifier vice-versa 2 en mot ce serait... TOUCHANT.

La psychologie du personnage et de l'Humain en général est subtilement concretisée à travers de nombreux symboles très justes et poétiques .

La bande son vient parfaitement appuyer les moments plus tristes principalement quand Riley veut gommer ce qu'elle est pour plaire , dynamique que nous avons tous expérimentée. Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir les larmes aux yeux quand Joie explique que quand on grandit, être heureux est plus compliqué car on a commence à avoir peur, à ne plus oser... Qu'il est loin le paradis perdu de l'enfance où tout était si simple et limpide !

A mon sens le deuxième volet s'adresse vraiment à un public universel . Tandis que le premier volet nous incite à ne pas oublier l'enfant intérieur qui sommeille en chacun de nous, la suite nous montre celui qu'on masque volontairement par nos propres démons intérieurs. Qui n'a jamais été submergé par les scénarios dévastateurs dont il est le propre auteur ?

Personnellement je n'ai qu'un regret : c'est que la morale principale est équivoque au premier film. Riley ne peut pas aller bien si les émotions ne sont pas harmonieuses entres elles en prenant chacun la place qu'elles doivent occuper pour un sain équilibre émotionnel . De cette façon, la réconciliation entre Anxiété et compagnie et l'équipe de Joie n'est pas sans nous rappeler celle entre cette dernière et Tristesse.

En même temps que c'est beau de se le remettre en tête grâce à Vice-versa ! On peut quand même saluer la nouvelle touche ajoutée à cette morale : le libre arbitre émotionnel délégué à Ridley et à l'adolescence plus largement. Les émotions stoppent leur pilotage absolu pour laisser la jeune fille choisir seule qui elle veut être réellement.

Pour conclure, je ne peux que recommander ce nouveau bijou de Pixar qui signent encore une suite avec brio ce qui est particulièrement fascinant avec eux. Et allez le voir au cinéma ! Vous serez en réelle immersion dans le remue ménage qui peut se dérouler dans la tête d'une adolescente ce qui paradoxalement vous invite à votre propre exploration intérieure.

De cette manière, vous ne pourrez que vous réinterroger sur votre manière de fonctionner et de voir les choses. Avec vos yeux de grande personne , lancez vous dans une introspection qui fait du bien au cœur et allez réveiller l'enfant qui sommeille en vous en le questionnant pour savoir comment il a grandi !

Finalement, aller voir Vice-versa 2 au cinéma c'est presque thérapeutique...