Va encore falloir parler du titre ... "The Lawless Breed", le titre original, signifie littéralement "le type (ou le mec) sans foi ni loi" que nos chers distributeurs nationaux ont traduit par "victime du destin". Comment comprendre ce dernier titre ? Peut-être que le destin s'est singulièrement acharné sur le héros. A vrai dire, il l'a quand même un peu cherché ...
C'est un beau western fait en 1953 par Raoul Walsh avec comme vedette Rock Hudson que Raoul Walsh avait sous contrat personnel (et qu'il gardera sous contrat toute sa carrière) si j'en crois le critique de cinéma Dominique Rabourdin dans le bonus du DVD.
Le western se réfère à la vie d'un célèbre bandit John Wes Hardin qui a écrit son autobiographie pendant ses nombreuses années de prison. L'histoire racontée dans le film est très arrangée et très romancée car le vrai Hardin avait à son compteur 42 meurtres bien "qu'il n'avait jamais abattu un homme qui ne l'aurait pas mérité". Dans la vraie vie, c'était quand même un sacré loulou, le Hardin, devant qui il valait mieux faire un détour...
Dans le film, effectivement, Wes Hardin était aussi toujours en légitime défense ... Enfin, si on admet qu'après avoir bien triché au poker, le fait de tuer le joueur qui s'en plaint et sort, imprudemment, son revolver, c'est bien de la légitime défense. Autre point commun, il est le fils d'un pasteur méthodiste qui ne connaissait guère que la ceinture pour élever ses enfants dans la foi du Seigneur et la Bible qu'il utilisait, comme d'autres un revolver.
Les points communs s'arrêtent à peu près là.
Mais, comme on sait bien, Hollywood n'en est pas à son premier essai (transformé) d'arranger l'Histoire pour en tirer une histoire sympa. Dans la vraie vie, le vrai Hardin se fait flinguer dans un saloon, un an après sa sortie de prison. Dans le western, il finira par couler une retraite - bien méritée - dans une ferme en Alabama auprès de sa femme (une ancienne "saloon gal") qui l'a attendu 16 ans ainsi que son fils. C'est quand même plus sympa, non ! D'ailleurs, indubitablement, je préfère cette histoire à la vraie. D'ailleurs, y a pas que moi, même Bob Dylan, prix Nobel de littérature, lui a consacré en 1967 un album ! C'est dire !
D'autant que c'est Rock Hudson qui joue cet enfant terrible, le sourire toujours aux lèvres à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Son personnage est assez composite car il alterne l'homme violent quand il doit se dégager d'un mauvais pas et doux quand il essaie de se construire un avenir de fermier qu'il imagine avec Rosie, la fille de saloon qui lui apporte une aide constante pendant ses épisodes de fuite devant la police du Texas ou la police fédérale.
Le personnage de Rosie est interprété par Julie Adams qui au départ n'est qu'une amie qui ne fait que se porter à son secours et qui peu à peu va s'imposer jusqu'à devenir la femme de Wes. Walsh a bien soigné son portrait qui, de femme vénale, va devenir l'ange gardien voire la conscience de Wes avant de devenir l'épouse fidèle. En définitive, c'est un personnage très fort que j'avais bien apprécié dans le "Traitre du Texas" de Boetticher ou encore "l'étrange créature du lac noir"
Pour mémoire, il y a aussi Lee Van Cleef dans le western mais il ne fait pas de vieux os car il se fait flinguer assez rapidement.
Le montage du film est intéressant car il commence à la sortie de prison de Wes qui dépose le manuscrit de son autobiographie chez son éditeur. S'ensuit un long flashback correspondant à la lecture du manuscrit.
Quelques scènes sont assez savoureuses comme l'essayage de la robe de mariée dans un saloon ou quelques personnages incontournables des westerns comme le croque-mort qui conseille d'avoir toujours prêt un habit noir ...
"Victime du destin" est un beau western dont l'action est assez trépidante, où Julie Adams et Rock Hudson forment un beau et attachant couple qu'on prend plaisir à voir évoluer.
Il ressort du film que la violence et la vengeance ne sont pas des situations enviables car se paient bien trop cher. Il est amusant de voir que Wes emploiera la même méthode face à son fils qui était en train de filer un mauvais coton, que le pasteur méthodiste avait usé à son égard. Mais cette fois, au lieu d'engendre la haine, cela conduit à la réconciliation.