Cette semaine, Justine Triet a reçu la Palme d’Or pour son film Anatomie d’une chute, que j’ai très très envie de découvrir. Or, il va bien falloir que j'attende, étant donné que sa sortie n’est prévue que pour fin août. Comment donc prendre mon mal en patience, dans mon fringuant et tout nouvel appartement bordelais ? Et bien oui, vous avez bien deviné : regarder le reste de la filmographie de Justine Triet, pour savoir un peu à qui j’ai affaire.

Trop pauvre pour me payer toutes les plateformes de VOD dont j’aurais envie, pas assez de thune pour louer tous les films de mes rêves : j’ai donc commencé par regarder le premier film qui m’est tombé sous la main en streaming, Victoria, sorti en 2016, présenté comme une comédie dramatique.


Voilà le pitch : Virginie Efira interprète Victoria, une avocate un peu paumée sans vraiment d’amis qui se retrouve à devoir défendre l’un d’eux, accusé d’avoir tenté d’assassiner sa copine. On découvre donc le déroulement de la préparation du procès entre conflits d’entourage, vie de famille décousue, vie sentimentale pas ouf et Vincent Lacoste, qui pop chez elle pour faire quatre trucs : s’occuper des gosses et du ménage, apprendre à être un avocat qui défonce, discrètement séduire Victoria qui pourtant enchaîne les date Tinder, et squatter le canapé.


Alors déjà, premier truc : je n’ai pas compris d’où sortait la comédie, là. Sincèrement, je n’ai ri à rien du tout dans le film. Pourtant, il cultive une certaine atmosphère absurde, entre l’intérêt tout particulier porté au témoignage d’un dalmatien et la vie personnelle de Victoria qui se barre dans tous les sens. Je conçois seulement que le film puisse faire rire s’il est regardé par-dessus la jambe (n’essayez pas, ça doit faire mal au bout d’1h30), en faisant autre chose, sans trop y prêter attention.


Tout traduit la perte de repères du personnage de Victoria : pièces sans dessus-dessous, enfants jamais peignés ni habillés, et à qui elle aimerait pouvoir juste parler, addiction aux tranquillisants et à l’alcool, confiance en des sciences discutables (coucou la voyante), défilé de mecs randoms qui n’en veulent qu’à son cul…

Par ailleurs, les hommes sont globalement tous nazes dans le film. Regardez : l’ami de toute évidence problématique qui s’il n’est pas forcément meurtrier, est au moins harceleur ; l’ex qui abandonne presque totalement ses enfants et se prend pour le nouveau Molière en écrivant des trucs diffamatoires ; les juges qui condamnent Victoria sans réellement prendre connaissance de ce qu’elle rencontre ; les mecs qui défilent dans le lit de l’avocate, paumés, complètement égocentriques, ou uniquement motivés par le cul ; l’acuponcteur gênant, bref, un seul tire son épingle du jeu : Vincent Lacoste. Dans le rôle de Samuel, un ex-dealer qui se reprend en main grâce à l’attirance qu’il éprouve pour Victoria, il est l’incarnation du slogan « not all men ». Même si l’interprétation reste très classique, on a envie que le personnage réussisse dans ce qu’il entreprend, et on le soutien très fort tout au long du film.


J’ai été agréablement surprise de l’attention portée aux enjeux portés par le film, et surtout par tout le dialogue sur le fait d’être une femme seule, et d’être une femme en justice ou face à la justice. Sans spoiler, je vous invite à prêter une attention particulière aux personnes constituant la cour de chaque procès du film. Un message très important est également accordé à la parole des femmes, souvent bafouée, même si j’ai du mal à comprendre le sens du dénouement de l’intrigue principale. Si quelqu'un a un avis, je prends.

Je vous recommande également de porter une attention particulière aux arrière-plans, qui peuvent souvent en dire long sur la situation émotionnelle de Victoria. Au-delà de ça, j’ai trouvé la réalisation ni ennuyeuse ni remarquable.

Le jeu tout en nuances de Virginie Efira porte une grande partie des enjeux du film, et on s’identifie facilement à elle (surtout si vous vous identifiez comme une femme hétéro). Petit clin d’œil à Laure Calamy qui passe faire coucou dans le film, et donc la présence est toujours un bonheur.


Complexe mais pas prise de tête, c’est un film appréciable quel que soit votre niveau de cinéphilie.


7/10


Notchka
7
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le 29 mai 2023

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