Un film difficile à catégoriser. Certes le loufoque prédomine, avec des visites chez une voyante, des animaux qui témoignent, un ex-dealer babysitter, un blogueur revanchard... l'intention est dans la comédie romantique, mais j'ai trouvé une profondeur inattendue chez Victoria, incarnée par une énergique Virginie Elfira. Son personnage est dans l'intensité, partagé entre une envie de croquer la vie et un besoin d'introspection, un besoin d'analyser les moteurs qui l'animent, de creuser pour remédier à son insatisfaction profonde. Ce questionnement se manifeste lors des séances chez le psy ou des dialogues, le plus souvent directs sans détour, comme cette amie franche qui lui dit que son obséquiosité ne lui va pas. Cette remarque, comme d'autres, sont de l'ordre de la méta analyse, car Justine Triet ne "flatte" pas le spectateur avec des individus lisses comme c'est le cas dans la plupart de comédies romantiques.
On est donc dans de la comédie grand publique certes, mais les petits défauts seront corrigé par la suite, et les fondements de l'Anatomie d'une chute sont là : Un procès dont on ne sait pas si l'accusé est coupable ou innocent, des animaux amenés à jouer un rôle dans l'histoire, un personnage féminin libre, dans ces choix sexuels comme ailleurs, des analyses meta sur les sources d'inspiration pour l'écriture (comment savoir ce qui relève de l'imagination et de la réalité ?) et des personnages qui cherchent le bonheur en s'éloignant plus ou moins des normes, une quête externe, à tâtons dans l'errance, et interne où l'on se confronte au désespoir profond de l'âme humaine.
Un film à voir après le chef d'oeuvre l'Anatomie d'une chute.