La seule chose que je savais en lançant ce film, c'est que SC en avait fait la promo (un peu agressive, comme toujours, sauf quand on a Element Hiding Helper comme moi désormais haha). Comme Birdman en fait, mais le rapprochement s'arrête à l'artifice de mise en scène, tant l'utilisation du plan-séquence (vrai, comme ici, ou truqué, comme chez Inárritu) est différente.
Je n'irai pas par quatre chemins : la forme ultra-contraignante a vidé, pour moi, le film de son contenu. La contrainte du film tourné en une seule prise est un facteur potentiel de réalisme, mais pas ici : les acteurs étant obligés d'improviser très souvent, les dialogues souffrent de nombreuses approximations et d'une certaine platitude qui touche parfois au consternant ; le tout sans parler de la mise en scène, avec des plans forcément bancals, des transitions maladroites (sortir d'une voiture, monter des escaliers, etc.). Seul point positif à ce niveau-là : il y a une vraie retranscription (sur deux blocs d'une ville qui en compte 5000) de la vie en ville la nuit. Ça, j'ai adoré. Mais ce n'est pas suffisant, et surtout, ça ne suffit pas à faire oublier les passages vraiment improbables du scénario, comme 1°) le fait que cette fille, Victoria, accepte de s'embarquer dans cette histoire abracadabrante en dépit de tout bon sens, et 2°) cette scène totalement ratée d'émotions devant le piano... le genre d'erreurs voire de fautes de goût qui me mettent hors de moi et me sortent du récit. Game over.
Je n'avais rien contre l'idée du plan-séquence intégral, bien au contraire même, mais force est de constater son effet néfaste sur la rigueur et la subtilité du scénario, le sens du rythme, et la longueur de l'ensemble. En fait, il n'aurait pas fallu dériver de la romance étrange au thriller, c'est dans cette partie que le film dérape : je ne demandais pas un réalisme parfait, mais un minimum de crédibilité, surtout étant donné le concept qui polarise directement l'attention du spectateur.
[Avis brut #21]