Le cinéma allemand est obscur à mes yeux, tout comme la langue allemande. L'espagnol l'est tout autant, et pourtant Victoria m'a intrigué, surpris, voire étonné.
L'originalité du film n'est pas uniquement dû au fait qu'il ait été tourné en un unique plan séquence (remarquable prouesse technique au passage!) , mais véritablement le résultat de ce procédé.
En effet, l'utilisation d'un tel dispositif permet un développement unique sur le plan des personnages (mention spéciale à Laia Costa, absolument éclatante).
On passe des premières apparences, présentant les protagonistes tels des archétypes bien définis, aux conversations plus intimes, révélant les doutes, les fêlures et les complexes de ces derniers , pour aboutir sur leur véritable nature, ce que ces hommes et femmes démontrent lorsqu'ils sont jetés dans l'arène afin d'accomplir des actions plus ou moins morales.
Le spectateur assiste à une véritable descente aux enfers dans le Berlin contemporain, où planent l'influence de Michael Mann ou encore celle de Brian de Palma : l'oeuvre narre précisément, de façon extrêmement condensé, le basculement d'individus lambdas dans une entreprise qui les dépassent. Elle est ponctuée de rendez-vous manqués, de frustrations enfouies et d'une profonde amertume.
Une fois le générique tombé, on en ressort anéanti, déboussolé et le souffle coupé , comme un coup de poing en plein dans les côtes.
Une agréable surprise.