Une errance nocturne à Berlin, une nuit comme les autres, une femme bourrée qui rencontre des types peu fréquentables... Forcément, ça donne envie, d'autant plus quand c'est filmé avec un unique plan-film en caméra épaule pour vivre pleinement cette errance alcoolisée.
Sauf que le réalisateur a décidé de transformer Berlin en grande ville américaine, où les gangsters se cachent armés jusqu'aux dents dans des garages et où l'on peut faire des attaques à main armée en espérant échapper à la police. Et où la première fille attirée par le premier mec venu va décider d'aider 4 tarés dans une entreprise qui sent clairement mauvais, au lieu de saisir la première occasion de se tirer. Enfin, si ce manque de vraisemblance choque autant, c'est surtout parce que le film vise clairement par son dispositif un certain réalisme, une certaine acuité dans la représentation de la nuit.
Mais l'atmosphère demeure, une atmosphère détendue dans la première partie, romance discrète entre le personnage principal interprétée par la très bonne Laia Costa et Frederick Lau bon dans son rôle de paumé embarqué dans une situation de merde. Ensuite, la tension grimpe un peu, les acteurs portent le film, on aspire à la quiétude perdue et l'action démarre... Dommage encore cependant que le film ne s'arrête pas plus tôt, tombant dans encore plus de prévisible au lieu de simplement boucler la boucle, clore l'errance. Dommage de n'avoir pas conclu sur un retour à la nuit, au club berlinois à la techno toujours aussi bonne, pour privilégier des séquences peu intéressantes allongeant un peu trop le film, auparavant bien rythmé.
Si le film pêche par un manque de fond lié à un scénario soi disant réaliste, alors qu'il est presque autant improbable que celui de Spring Breakers, le tout demeure très sympathique, grâce à l'alchimie entre les deux acteurs, l'immersion de la caméra épaule, et surtout, la nuit berlinoise.