Voilà longtemps que je n'ai pas été surprise par un film comme je l'ai été par Victoria.
Alors oui, il constitue en soit un ovni, un record, une performance; un film tourné entièrement en plan-séquence, voilà de quoi attiser la curiosité mais de quoi inquiéter aussi; le réalisateur, focalisé sur sa mise en scène, n'aura-t-il pas mis de côté le scénario au profit de la très grande organisation technique qu'un tel tournage suscite ? Voilà à peu près la question que je me suis posée quand on m'a parlé de ce film.
Du coup je suis entrée dans le cinéma pas tellement convaincue. Mais bon c'est parti pour 2h20 de plan-séquence (en 3 essais seulement siouplé). Dès la première image, je suis rassurée, Victoria dans la boite de nuit, elle sonne juste. L'image est réussie et la caméra très professionnelle, depuis la boite de nuit j'ai suivi Victoria toute la nuit pendant ses pérégrinations dans Berlin.
Sebastian Schipper maîtrise vraiment sa mise en scène, les enchaînements sont étonnamment fluide, propre et cohérent. Il n'y a pas de temps mort, de longueurs ou de plans qui servent seulement à faire s'enchaîner les scènes, le rythme du thriller est bien là, on est constamment en train de reprendre notre souffle, profitant d'un semblant de breack dans ce tourbillon. Toute la partie de la nuit où Victoria et les garçons passent leur temps à monter, descendre et remonter en voiture relève de la prouesse (Sebastian Schipper a du se résoudre à plusieurs reprises à ne pas suivre le tournage et à rester dans la voiture pour ne pas corrompre la scène).
La bande-son est elle aussi en parfaite adéquation avec le film, elle maintient l'ambiance et sa présence est égale à un personnage supplémentaire. Une mention spéciale pour le morceau de piano, il m'a donné des frissons tout partout.
Les acteurs sont une surprise colossale, toute une bande d'inconnus et par Minerve, bravo ! Laia Costa (Victoria), toute mes félicitations, j'y ai cru, à tout et c'était beau, c'était beau quand tu t'es offert une interlude dans ta vie sur ce toit et cette ambiance surréaliste, c'était beau toi et Frederick Lau (Sonne) dans la boite de nuit, c'était plein de vie et de joie, c'était BEAU !
Ce film est inattendu, haletant, puissant et beau !