Un film d’anticipation, sous la forme d’une métaphore de ce que pourrait devenir la télévision dans les années à venir (pour rappel, nous sommes au début des années 80, entre les snuff-movies qui s’échangent sous le manteau, l’avènement de la VHS, l’âge d’or des vidéo-clubs et les balbutiements de la télévision par satellite, la télévision avait de beaux jours devant elle… bien avant qu’Internet ne vienne changer la donne).
Visionnaire et prophétique (quand on voit ce qu’est devenue la télévision au début des années 2000…), David Cronenberg met en scène une diatribe au vitriol contre ce média, devant lequel nous nous abrutissons (ou nous nous informons) plusieurs heures par semaine (tout dépend du public).
Vidéodrome (1983) dépeint un patron de chaîne (spécialisée dans les contenus violents & pornographiques) constamment à l’affût du moindre programme télévisuel choquant, qui puisse être susceptible de plaire à son audimat. Quitte à proposer des programmes sadomasochistes, à la limite du snuff-movie.
David Cronenberg reste égale à lui-même et continue de s’intéresser de près aux mutations génétiques, comme il l’avait fait avec ses précédents films (ou comme il le fera avec les suivants). Il en résulte un film culte oscillant entre le fantastique et l’horreur. Une œuvre organique et déstabilisante, clairement à ne pas mettre en toutes les mains. La lecture et la compréhension ne sont pas simples et il faut bien plus qu’un simple visionnage pour tout assimiler et comprendre pleinement ce qu’a bien voulu nous faire assimiler le réalisateur.
Cependant, il faut bien admettre une chose, les prouesses esthétiques (ou prothétiques) de Rick Baker. A l’image de ce qui avait déjà été fait sur Scanners (1981), les make-up effects y sont stupéfiants ! Plus de 30ans après, il faut bien admettre que pour rien au monde, on voudrait voir la même chose en CGI. La VHS qui palpite, l’absorption à travers l’écran cathodique, le ventre qui s’ouvre en deux pour ingérer une VHS, le pistolet qui se greffe à même la main, … toutes ces séquences relève du génie et marquent les esprits. Si le film peut s’avérer difficile d’accès, il n’en reste pas moins un très bel objet filmique, le tout, accompagné par une remarquable B.O signée Howard Shore.
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