Un film très novateur pour son époque: du point de vue technique le film est une véritable réussite et reste encore aujourd'hui tout à fait à la hauteur. Les effets spéciaux sont le véritable point fort du film et les maquillages et autres animatroniques fonctionnent encore aujourd'hui toujours très bien.
Au-delà de la dimension technique, c'est ici toute la réflexion sur la rupture de la barrière entre le spectateur et l'écran qui est savamment construite. La manière dont le personnage principal se laisse absorber par l'image avec laquelle il développe une véritable sensualité charnelle nous questionne sur l'émergence dans nos sociétés contemporaine d'un nouvel Eros technologique.
Plus qu'une simple critique, c'est une vision que propose ici Cronenberg en annonçant une nouvelle ère pour une humanité bouleversée en profondeur par la colonisation technologique de son existence. L'omniprésence de l'écran modifie en profondeur notre identité d'hommes: c'est tout notre rapport charnel au monde qui est questionné et remis en question par nos nouveaux modes de vie.
Ainsi, le vide laissé par cette absence de contact semble devoir trouver son exutoire dans une consommation frénétique de contenus pornographiques toujours plus violents. Cronenberg dresse à grands traits le tableau du malaise dans la culture occidentale incapable de retrouver un rapport authentique avec le monde qu'elle a savamment mis à distance par tout un ensemble d'appareil technologiques. Ce qui a contribué dans un premier temps à notre élévation constitue aujourd'hui une menace pour notre humanité même. Ce que nous montre par là Cronenberg, c'est qu'en menaçant jusqu'à nos rapports intimes les plus essentiels (rapports sexuels), la technologie nous pousse inexorablement vers une forme de détresse existentiel qui ne semble devoir trouver pour solution que le suicide ou la dépression.