Vidéodrome par Charles Dubois
Il faut avoir la conviction de voir un grand film pour ne pas éteindre la télé avant la fin. En effet Cronenberg pousse ici au maximum les limites du supportable, n'hésitant à mettre au programme de son film de la violence gratuite, de la torture, du sexe S&M, du gore (ça on s'y attendait), de la folie mentale. Appétissant.
Et qui de mieux que James Woods pour incarner cet homme salace qui, dans une époque contemporaine, recherche pour sa chaîne de télé le programme le plus violent et pornographique qui soit ?
Cronenberg déstabilise, exprès. Son film est dur à voir, machiavélique, insupportable, intolérable, et terriblement mesquin. Le réalisateur canadien nous donne à voir une époque où la violence serait en 1° partie de soirée et où les hommes ne satisferaient leurs besoins que dans le sexe et la douleur. Société malade qui, par un humour déconcertant, nous donne à réfléchir sur le pouvoir des images de nos jours. Il y a presque 30 ans, Cronenberg signait donc un film difficile (autant dans sa compréhension, son hermétisme esthétique, et son contenu) mais visionnaire, qui, à l'heure d'internet où rien ne peut être caché, est d'autant plus percutant.
Le réalisateur joue avec nous et notre pulsion scopique, qui attire nos regards vers tous types d'écrans malgré le contenu qu'ils diffusent, ainsi qu'avec nos nerfs, nous pousse à bout autant qu'il pousse à bout son personnage principal, fruit d'expériences malsaines et terribles, où la folie s'immisce au quotidien.
Un film peu accessible mais d'autant plus efficace et bénéfique.