Mon dieu mon dieu qu'est-ce que je viens de voir ? Il va falloir se poser et tenter de comprendre.
Dès les premières images, le ton est donné. Plans idiots, cadrés n'importe comment et surtout tremblants. Oui, je n'ai compté qu'un seul plan qui ne tremblait pas de tout le film. Id est sur quelques semaines de tournage, la réalisatrice n'a pris le temps de poser sa putain de caméra sur un putain de pied qu'une seule fois. C'est quoi l'effet recherché? Vomi à tous les étages? après Mustang que j'ai vu il y a 3 semaines, c'est le deuxième film en full shaky cam que je regarde et je ne comprends toujours pas ce que cette mode apporte au delà d'une impression d'amateurisme et de dilettantisme. Oui, les deux en même temps.
Je compte pas non plus les plans flous, ceux où rien n'est net dans le cadre mais le pire, le pire, le truc impensable, le premier écueil qu'on vous apprend à éviter dans toutes les écoles de cinéma de la terre jusqu'au porno c'est le grain.
Le grain, c'est en gros quand l'image grésille parce que la scène n'est pas assez éclairée, ou alors elle l'est par une lumière pauvre en spectre ce qui est souvent le cas en intérieur et plus rarement en extérieur la nuit. Avoir du grain dans son film, c'est comme tirer les rênes et talonner son cheval en même temps, comme mettre la farine en dernier quand on fait des crêpes, arriver à 15h45 à la CAF ou mâcher un chewing gum la bouche ouverte. C'est l'erreur de débutant, celle que tu ne commets pas quand tu as plus d'ambition dans la vie que filmer le mariage d'un pote ou quand tu veux être pris au sérieux et pourquoi pas, faire financer ton film. Celui-ci est d'ailleurs allé chercher ses financements assez loin dans 5 pays différents il me semble.
Et si la première partie du film continue sur cette lancée d'abominations techniques, ça s'améliore par la suite.
La caméra s'affermit et nous offre quelques jolies scènes de natation synchronisée sans abandonner le cadrage qui tremble et les mouvements de caméra coincés dans l'appart.
Le jeu d'acteur est correct, l'actrice principale est impressionnante mais on ne se laisse pas porter par l'histoire : le scénario ne le permet pas. Pas d'arc narratif, pas de tension, pas de quête, pas d'antagonisme, pas de drame, pas de palpitation. Rien.
L'ennui.
Le plat.
Alors la question que je me pose est : comment un tel film peut-il advenir?
Notons qu'il a été réalisé par une femme, produit par deux femmes, comportant deux femmes en actrices principales et aborde un sujet de femme. Nul doute qu'il s'adresse aux femmes. Je n'en ai pas lu les revues dans Elle et Marie-Claire mais je devine déjà leur contenu... Je veux dire par là que c'est un film de niche, qui s'adresse à une catégorie de personne. A-t-on cependant le droit, au nom d'une cause ou même d'un sujet (le féminisme/les femmes) d'imposer au public et en sortie nationale un truc aussi mal fait? Quelque soit les motivations profondes, quelque soit le public, un film pareil, on retourne en studio et on bosse dessus 3 mois de plus. Et bosser, ça commence par le scénario. Même les films paresseux comme 12 hommes en colère ou Le guépard qui reprennent pièce de théâtre ou roman ont des histoires plus excitantes.
Conclusion : A voir si vous allez vous identifier de quelque manière que ce soit au personnage principal et vivre le petit frisson de l'expérience extracorporelle propre à la salle obscure, à fuir pour tous les autres.