L'absence quasi totale de musique est l'une des caractéristiques de Viêt and Nam dans lequel le traitement remarquable des sons n'a rien à envier à la qualité des images, que cela soit au fond de la mine ou en pleine forêt. Il s'agit bien d'un film contemplatif dont on remarque les longs plans fixes et les lents travellings mais, paradoxalement, très riche dans ses thématiques que le cinéaste vietnamien Trương Minh Quý évoque sans respecter un temps narratif ordonné. Cela frustre un peu mais éveille la curiosité entre romance gay, fantômes du passé (le film se déroule en 2001 et de nombreuses dépouilles de soldats disparus pendant la guerre n'ont pas été retrouvées), émigration vers d'autres cieux, etc. Un portrait d'un pays toujours traumatisé par son histoire proche, avec de jeunes garçons pour personnages principaux, qui n'ont pas de père dans leur vie. Admirateur de cinéastes tels que Bergman, Tarkovski ou Resnais, Trương Minh Quý ne nous rend pas les choses faciles, de par un traitement austère, et son film pâtit un peu de la comparaison avec L'arbre aux papillons d'or, sorti il y a tout juste un an. Le long métrage n'en reste pas moins un objet de facture ambitieuse qui ne cherche pas l'émotion à tout prix mais qui finit par la susciter, notamment dans son ultime scène.