L'absence quasi totale de musique est l'une des caractéristiques de Viêt and Nam dans lequel le traitement remarquable des sons n'a rien à envier à la qualité des images, que cela soit au fond de la mine ou en pleine forêt. Il s'agit bien d'un film contemplatif dont on remarque les longs plans fixes et les lents travellings mais, paradoxalement, très riche dans ses thématiques que le cinéaste vietnamien Trương Minh Quý évoque sans respecter un temps narratif ordonné. Cela frustre un peu mais éveille la curiosité entre romance gay, fantômes du passé (le film se déroule en 2001 et de nombreuses dépouilles de soldats disparus pendant la guerre n'ont pas été retrouvées), émigration vers d'autres cieux, etc. Un portrait d'un pays toujours traumatisé par son histoire proche, avec de jeunes garçons pour personnages principaux, qui n'ont pas de père dans leur vie. Admirateur de cinéastes tels que Bergman, Tarkovski ou Resnais, Trương Minh Quý ne nous rend pas les choses faciles, de par un traitement austère, et son film pâtit un peu de la comparaison avec L'arbre aux papillons d'or, sorti il y a tout juste un an. Le long métrage n'en reste pas moins un objet de facture ambitieuse qui ne cherche pas l'émotion à tout prix mais qui finit par la susciter, notamment dans son ultime scène.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2024

Créée

le 29 sept. 2024

Critique lue 214 fois

5 j'aime

2 commentaires

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 214 fois

5
2

D'autres avis sur Viêt and Nam

Viêt and Nam
Cinephile-doux
6

Deux garçons sans père

L'absence quasi totale de musique est l'une des caractéristiques de Viêt and Nam dans lequel le traitement remarquable des sons n'a rien à envier à la qualité des images, que cela soit au fond de la...

le 29 sept. 2024

5 j'aime

2

Viêt and Nam
BigDino
5

partition

Viêt and Nam suit le programme de son titre, à savoir une partition entre différents aspects du pays. Scission entre le passé et le présent, entre la lumière et les ténèbres, entre les jeunes et les...

le 28 sept. 2024

2 j'aime

Viêt and Nam
YasujiroRilke
5

Critique de Viêt and Nam par Yasujirô Rilke

Oui, c'est beau. Oui, le style post-Weerasethakul du jeune vietnamien séduit. Mais, comme L'Arbre aux papillons d'or, la frontière entre la radicalité admirable et la complaisance du style est...

le 22 sept. 2024

1 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13