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Il y a des jours comme ça… Et puis il y a ce jour, ce jour précis où Vincent, sans raison, sa fait agresser par un stagiaire au bureau. Il y a aussi de beaux lendemains, on dit ça… Et puis il y a ce lendemain, ce lendemain précis où Vincent, sans raison, se fait agresser par un collègue au bureau. Ensuite une automobiliste, puis un SDF dans la rue, puis les enfants de ses voisins, puis d’autres encore… Il se passe quoi ? Pourquoi soudain cette envie de le trucider ? Vincent ne comprend pas, ne sort plus de chez lui, évite de croiser le regard des gens (parce que tout part de là, d’un simple regard, d’un eye contact malencontreux), et finalement va s’isoler loin de la ville.

Le cauchemar peut commencer. Le cauchemar a commencé. Et le cauchemar est loin d’être terminé quand ce déchaînement de fureur aveugle paraît contaminer chacun et chacune avec ce besoin irrépressible de tuer. De devoir tuer l’autre. Un postulat a priori absurde, et qui pourtant s’inscrit dans une observation critique de notre société où la violence décomplexée, sans filtre, s’affiche (et se pratique) désormais partout, des réseaux sociaux à nos petits villages en passant par les points les plus infréquentables du globe. Si Stéphan Castang s’en défend ("Le genre, quelque part, je m’en fiche un peu"), son film se réapproprie pourtant les bases de celui de genre(s), avec Romero et Carpenter en figures tutélaires et assumées, pour dire les dérèglements du monde : pas de catastrophes, d’apocalypses ou de zombies, mais une contamination de violence qui chamboule le "vivre ensemble" (pour ce qu’il vaut) dans un climat social de plus en plus anxiogène. Où le repli sur soi et l’individualité s’exacerbent.

À ça viennent s’ajouter quelques touches d’humour noir et un recalibrage en mode comédie romantique (tendance un peu maso, certes, mais seulement par mesures de sécurité) qui ouvrent le champ d’action scénaristique à plus de dynamiques, permettant au film de ne pas se cantonner à son seul "concept", à une sorte de survival trash et parano. On passera sur quelques incohérences (euh, les lunettes de soleil, personne n’y a penser ou quoi ?) et sur un sentiment de mini-frustration (clairement on voulait que ça charcle davantage), mais globalement le film séduit par sa belle étrangeté. Et par sa belle conclusion aussi où, en dépit de tout, un possible bonheur s’envisage, les yeux bandés et là-bas au loin, vers le large.

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mymp
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le 22 nov. 2023

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